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 Dossier - Février-Mars 2017

Appareils de mesure connectés : plus faciles, plus pros, plus performants


Edito

« Soyons pros ! »

fp48 doss editoNe cédons pas à la tentation de nous tourner vers la facilité. Notre métier reste celui d’une professionnalisation constante, d’une analyse technique résultant de nos formations mais aussi et surtout de notre expérience. Notre savoir-faire et notre devoir de conseil auprès de la clientèle ne seront jamais remplacés par des machines, si perfectionnées soient-elles.

Un exemple ?
L’onduleur d’une installation photovoltaïque révèle un nombre de kilowatt-heures inférieur à celui mentionné par le compteur du fournisseur d’énergie. Une différence qui apporte une précision bien inutile compte tenu de la dizaine de kilowattheures en cause, et pourtant, le client souhaite intenter une procédure. Preuve de cette prétendue lésion : un relevé de comptage qui s’oppose à celui, « plus officiel », du fournisseur.

Un autre ?
L’évaluation de la consommation d’un logement est bien supérieure aux prévisions qui avaient été faites. Une fois de plus le client souhaite en venir au procès (action d’ailleurs facilitée par les contrats de protection juridique proposés par les assurances). Pourtant, l’explication est simple : l’évaluation est faite sur les 19 °C de consigne préconisés, alors que le client se chauffe à 22 °C.

Un dernier ?
Un même bâtiment soumis à l’analyse de plusieurs bureaux d’études peut révéler des résultats différents pour une même analyse thermique avec un écart pouvant aller jusqu’à 15 %, méthode de calcul oblige…

Venons-en à l’essentiel : les appareils de mesure représentent d’extraordinaires outils destinés à mieux faire notre métier, mais ne pourront jamais se substituer à l’analyse humaine des résultats obtenus.
La connectivité nous accorde plus de simplicité d’utilisation et de rapidité d’exécution, mais elle ne doit surtout pas être utilisée pour justifier nos prestations et nos interventions auprès de nos clients qui restent des non-professionnels. Elle doit, en revanche, les étayer et éviter aux analyses profanes de se substituer aux nôtres.
Profitons donc de ces moyens, dont nous, professionnels, sommes aptes à interpréter intelligemment les données, pour ouvrir l’enquête, analyser les différents paramètres et en exploiter les possibilités.
Espérons également leur développement. À quand, par exemple, un appareil capable de compter les volumes d’eau consommée (débitmètre non intrusif à ultrason) à un coût abordable afin d’assurer un meilleur dimensionnement des chauffe-eau solaires ? Ces outils de terrain nous permettent assurément de sortir de la métrologie de laboratoire et d’exercer au mieux notre profession. À nous de savoir les utiliser !

Pierre Mas, chauffagiste en Haute-Garonne (www.mas.fr),  conseiller professionnel de l’UNA couverture plomberie chauffage à la Capeb




Appareils de mesure connectés : plus faciles, plus pros, plus performants

Depuis quelques années une partie de la gamme des fabricants d’appareils de mesure portables est proposée en version connectée. Leur montée en puissance s’explique facilement : ils sont à la fois plus faciles à utiliser et offrent souvent plus de fonctionnalités. Découverte de ces outils intelligents.


De 20 à 30 %, c’est le pourcentage qu’ils représentent aujourd’hui en moyenne sur la gamme des fabricants. Pourquoi, donc, malgré les avantages représentés par la connectivité, la majorité des appareils de mesure restent-ils donc non connectés ? L’avis des fabricants est unanime : il existera toujours des versions classiques, même si la connectivité doit encore progresser. Pas de substitution donc, mais une complémentarité, bien organisée. Pourquoi ?
Tout d’abord, parce que certains types d’appareils de mesure n’ont pas d’intérêt particulier à être connectés.
Ensuite, parce que la connectivité coûte cher aux développeurs. Du temps, des moyens humains et financiers doivent être investis alors que ce n’est pas le cœur de leur métier. Après, ils ont tout à y gagner, puisqu’un appareil connecté ne coûte pas plus cher à fabriquer qu’un appareil non connecté ; parfois même moins, si, par exemple, l’écran disparaît au profit de celui d’un smartphone.
Enfin, à ce jour, aucune réglementation n’oblige les professionnels à éditer les rapports et plus particulièrement les attestations d’entretien obligatoire sous forme informatique.
Bref, la connectivité est en marche, mais sans contrainte et c’est ce qui fait son attrait. Elle est considérablement facilitée par le fait que, aujourd’hui, tout le monde possède un smartphone, une tablette ou un ordinateur. Même si tous les acteurs du secteur de la mesure n’y sont pas encore venus, un avenir proche devrait donc voir plus des trois quarts des intervenants s’intéresser à ce marché.
Il suffit de constater la progression de ces appareils dans tous les secteurs d’activité ! (Ariston, par exemple, vient de sortir le premier chauffe-eau électrique connecté, avec Wifi intégré, pilotable directement depuis son smartphone).

Ses avantages :
– une possibilité d’utilisation classique qui reste intacte, sauf dans les cas où la connectivité est indispensable pour exploiter l’équipement (c’est le cas, par exemple, d’un appareil dont l’écran n’existe plus puisqu’il fait double emploi avec celui du smartphone) ;
– une utilisation déportée, très pratique sur le terrain ;
– une plus grande facilité d’utilisation avec par exemple un écran tactile et un mode d’emploi à suivre pas à pas, très court, intuitif et convivial ;
– une communication permise entre appareils, vers le client final, vers des collègues ou vers un fabricant. Celle-ci peut avoir plusieurs intérêts en fonction de la cible (vers le client final pour attester des résultats ou vers un fabricant pour lever un doute) ;
– une plus grande rapidité d’exécution ;
– une sauvegarde et un archivage des données ;
– des possibilités multiples dues aux applications. Ces dernières permettent de gagner en efficacité en évitant notamment des transferts préalables sur papier ou ordinateur avant de pouvoir être traitées. Elles peuvent assurer la récupération de données GPS, l’ajout de commentaires, etc. Ces applicatifs peuvent également contribuer à améliorer la traçabilité et l’archivage des mesures ;
– pas de surcoût à l’achat de l’équipement et gratuité des applications lorsqu’elles sont proposées ;
– une différenciation vis-à-vis de la concurrence par une professionnalisation de la mesure avec un travail de qualité et de précision.
À coût égal, entre un appareil classique et un appareil connecté, le choix est clair : on opte pour la version connectée

Bluetooth ou Wifi : que choisir ?
Si les deux technologies permettent de faire du « sans-fil », attention, les performances sont totalement différentes. En effet, avec le Bluetooth, la communication entre appareils se fait à une portée réduite (quelques mètres) et permet de transférer des données relativement légères (mesures, documents pdf…).
Avec le Wifi, la portée est bien supérieure (plusieurs dizaines de mètres en intérieur et une centaine en extérieur) et la transmission de données lourdes (images de caméras par exemple) peut s’effectuer.
Si aucun des deux ne nécessite de connexion Internet pour fonctionner, leurs capacités sont très différentes, ce qui entraîne logiquement des coûts différents. Travailler en Wifi coûte plus cher qu’avec le Bluetooth. Pour cette raison, les fabricants utilisent la technologie appropriée. La très grande majorité des appareils de mesures portables utilisent donc le Bluetooth, alors que les appareils véhiculant des données très lourdes utilisent le Wifi.
Bien sûr, en utilisant la connexion Internet, les performances sont multipliées et il sera possible de transférer toutes données et documents sans limite de distance et de poids.

fp48 doss 1fp48 doss 2Kimo : objectif connectivité !
Chez ce fabricant, seuls 10 % de la gamme d’appareils de mesure sont connectés, mais la montée en puissance est clairement annoncée.
Aujourd’hui, deux produits phares bénéficient de cette technologie :
– les analyseurs de combustion Kigaz adaptés aux applications domestiques (Kigaz 80, 110, 210 et 310) et industrielles (Kigaz 500). Ils s’utilisent avec le logiciel Ligaz-2 (offert) et l’application Kigaz mobile pour tablettes et smartphone. Cette dernière (avec technologie Bluetooth) permet une lecture déportée des mesures et données, sans avoir à consulter l’écran de l’analyseur. Elle gère les données (clients, chaudières, interventions), les sauvegardes et envoie directement les attestations par e-mail au format pdf ;
– les enregistreurs autonomes Kistock, qui, eux, disposent d’un logiciel de configuration et de visualisation des données téléchargeable gratuitement et d’un logiciel de configuration et d’exploitation des données disponible en option. Leur communication avec smartphones et tablettes (Androïd et IOS) est assurée par Bluetooth.

fp48 doss 3fp48 doss 4Testo : la connectivité ne cannibalise pas les versions classiques, elle vient en plus !
Le but reste de proposer des solutions pratiques et fiables, donc de fournir toutes les fonctionnalités à l’installateur, charge à lui d’exploiter les équipements comme cela lui convient. Il s’agit de proposer plus, sans jamais proposer « à la place », afin d’être totalement en phase avec les besoins des professionnels de terrain. Une philosophie de la marque qui la rend particulièrement attractive !
Outre les performances des derniers modèles de caméra de cette marque, dotés du Scale Assiste (réglage automatique à l’échelle de l’image thermique), l’e-Assist (réglage automatique de l’émissivité et de la température de l’environnement radiatif) et la super résolution d’images, la connexion (par Bluetooth) est assurée entre appareils avec le thermo-hygromètre Testo 605i et la pince ampèremétrique Testo 770-3. Avec l’application Testo thermography, disponible sur IOS et Android, des outils utiles sont proposés pour une analyse rapide sur site : génération de rapports compacts, enregistrement en ligne et envoi de ceux-ci par e-mail, ajout de points de mesure supplémentaires. Elle permet également de transmettre les images thermiques en direct à un smartphone ou une tablette et de l’utiliser comme second écran.
Pour ses sondes connectées, sorties à la fin de 2015, le succès est au rendez-vous, avec des ventes remarquables constatées en 2016. Compactes, elles se commandent depuis un smartphone ou une tablette qui se transforme en véritable gestionnaire des données mesurées. Toutes les données sont directement transmises par Bluetooth à l’application gratuite Testo Smart Probes. Celles-ci sont ensuite documentées dans un rapport sur le smartphone ou la tablette de l’utilisateur et peuvent être envoyées directement par e-mail au client ou au bureau depuis n’importe quel endroit. Outre la lecture des valeurs de mesure, l’application rend instantanément visible leurs changements sous forme de graphiques ou de tableaux. Elle offre également la possibilité d’afficher simultanément six sondes connectées, de définir au préalable des menus pour les applications spécifiques, de compléter les rapports d’interventions par des images créées avec l’application afin de les envoyer directement sous forme de fichier pdf ou Excel.

fp48 doss 5Turbotronic : connectée et compacte à la fois
Chez Turbotronic, dans la série Seek Pro, la Compact Pro se présente sous forme d’un accessoire au format de poche, sans pile. Elle s’installe très facilement sur un smartphone Android ou iOS pour le transformer en caméra ultra-compacte. Elle fonctionne avec une application mobile très conviviale. Grâce à cette application gratuite, vous pouvez détecter, inspecter, mesurer et visualiser très rapidement et très précisément l’énergie thermique. L’objectif réglable permet de zoomer pour obtenir une image parfaite.
Elle offre une sensibilité thermique de 0,75 °C et une résolution d’écran de 320 x 240 pixels. La portée maximale pour la détection de chaleur est de 550 m à une température maximale de 330 °C. Les images sont radiométriques ; concrètement, toutes les informations thermiques sont enregistrées avec l’image et peuvent être importées facilement dans le logiciel d’autres acteurs du marché.

fp48 doss 6fp48 doss 7Chauvin Arnoux : des applications au top
Avec déjà 25 % de produits connectés dans sa gamme, Chauvin Arnoux se félicite de ce nouveau développement. Les équipements sont plus conviviaux, idéalement conçus pour le terrain et très faciles à utiliser, ce qui n’empêche pas la formation, indique la marque, afin d’exploiter le maximum de fonctionnalités !
On remarque les applicatifs dédiés à la performance et à la précision des équipements connectés. Par exemple, l’application développée pour l’enregistreur CA 1510 (mesures de CO2, température, humidité relative) permet à la fois la visualisation des mesures en temps réel et l’affichage de des données enregistrées, via une liaison Bluetooth. Elle permet différents modes de lecture ou d’affichage, le réglage et le calcul de l’indice de confinement ou l’affichage simultané de plusieurs produits connectés. Bref, elle autorise la visualisation à distance des mesures en temps réel, celle de l’évolution temporelle des mesures, l’affichage des données enregistrées puis leur exportation (sous Excel ou format texte), la configuration de l’appareil de mesure et celle des enregistrements.
Quant à la toute nouvelle gamme des appareils CA 1110, CA 1227, CA 1246, CA 1821, CA 1822, CA 1823, dédiée aux mesures de l’environnement (efficacité énergétique, bâtiment, génie climatique, contrôles réglementaires, maintenance et entretien industriel), elle bénéficie du logiciel Data Logger Transfer. Celui-ci reconnaît automatiquement l’appareil lors de sa connexion au PC (via Bluetooth ou USB) et permet de télécharger et de visualiser en temps réel les données en mémoire et de les afficher.


fp48 doss 8Kane : connecté ou pas, à vous de choisir
Chez Kane, on constate que l’usage et les besoins de la clientèle sont différents face aux nouvelles technologies.
Certains recherchent les appareils les plus simples possible et les moins chers, correspondant à leurs besoins professionnels. D’autres, en revanche, sont très axés « nouvelles technologies » et très sensibles notamment au transfert d’informations et à leur exploitation.
Très logiquement, leur gamme d’analyseurs de combustion se décline donc en deux familles :
– la série des KANE25X et KANE45X, simple d’emploi, fonctionnelle avant tout et ne ciblant que l’utilité des fonctions. Sa conception et utilisation par le commutateur rotatif reprennent le concept du simple multimètre ;
– la série des KANE640 (sortie en 2016), qui se tourne vers la connectivité et, surtout, l’exploitation des résultats par le transfert des mesures et l’édition de rapports directement sur PC, smartphone et tablette, en toute simplicité !

fp48 doss 9fp48 doss 10fp48 doss 11Flir : 100 % connecté
Avec 100 % de ses caméras connectées, Flir excelle en la matière.
Voilà déjà cinq ans que certains de ses équipements de mesures communiquent via la technologie Bluetooth et trois ans que ses caméras utilisent le Wifi.
On remarque donc le tout dernier modèle de caméra C3 avec technologie Wifi permettant d’échanger des données et de réaliser des rapports en ligne. Sa nouvelle fonction, mode zone, recherche automatiquement le point le plus chaud ou le plus froid pour un meilleur diagnostique en maintenance. Elle est livrée avec une sacoche.
Les modèles Ex Wifi disposent quant à eux d’une fonctionnalité Wifi étendue, toujours avec le mode zone recherchant le point le plus chaud et le plus froid.
Chez Flir, les équipements exploitent le mode breveté MSX unique intégrant les contours de l’image visible dans l’image IR. Ils bénéficient de la garantie unique de deux ans sur les pièces et main-d’œuvre et de dix ans sur le détecteur (l’élément le plus important de la caméra !).
À noter enfin leur drone équipé d’une caméra thermique pour l’inspection des bâtiments résidentiels, mais aussi commerciaux.


Virginie Bettati


Sociétés citées (Liens Web)

Chauvin Arnoux
Flir
Kane
Kimo
Testo
Turbotronic

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