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 Dossier N°2 - Février-Mars 2020

Cinq tendances dans les toilettes publiques

Les sanitaires ne sont (presque) plus le parent pauvre des bâtiments recevant du public. À la fois plus techniques et déco, ils combinent les technologies innovantes pour réduire les consommations d’eau, limiter l’entretien, éviter les développements bactériens dans les réseaux et se faire une belle image. Le point en cinq tendances.

1 DELABIEC’est un fait : les sanitaires des lieux publics et semi-publics font l’objet d’une attention nouvelle. Plus déco et accueillants, ils sont aussi devenus plus techniques, afin de renforcer l’hygiène, de réduire la consommation d’eau et d’offrir une meilleure « expérience client ». Il s’agit de ne pas ternir la réputation du maître d’ouvrage, que l’on soit dans un aéroport, un centre commercial, une salle de sport, un bar, un hôtel, un restaurant…, voire de l’améliorer ou de la décaler. Un effet collatéral d’Instagram ? Sans aucun doute. Depuis l’apparition des réseaux sociaux, nul n’échappe plus à la vindicte des utilisateurs qui ont vite fait de dégainer leur smartphone… Des réseaux sociaux qui ont réussi en une poignée d’années à faire des sanitaires publics un enjeu en matière d’image.

2 GeberitPoints d’eau : rapprocher le sèche-mains du lavabo
De plus en plus souvent, les points d’eau des sanitaires publics regroupent les trois fonctions nécessaires au lavage des mains : l’eau, le savon, mais aussi le séchage, papier ou air. L’objectif est de faire en sorte que l’utilisateur n’ait pas à circuler dans l’espace ou à attendre qu’un sèche-mains se libère avec les mains mouillées. Ainsi, les sanitaires restent-ils plus propres et le travail du personnel d’entretien est-il facilité, voire réduit.
Dans ce but, le sèche-mains côtoie de plus en plus souvent la robinetterie et le distributeur de savon liquide au point d’eau, qu’il soit intégré dans un meuble haut dissimulé derrière le miroir sur lequel sont affichés des pictos guidant les utilisateurs. Il peut également, comme le mitigeur ou le distributeur de savon liquide, être encastré dans une crédence ou dans le mur. À moins qu’il ne soit posé sur le plan de toilette ou la plage du lavabo, de part et d’autre du mitigeur.
3 PrestoL’option du point d’eau tout équipé, c’est-à-dire comprenant les trois fonctions, a tendance à se développer. Les lavabos sont proposés en dimensions fixes avec un, deux, trois ou quatre postes, mais peuvent également être réalisés sur mesure, la plupart du temps en solid surface. Dans tous les cas, les modules sont prêts à raccorder à l’eau chaude, à l’eau froide, à l’électricité et à l’électronique, facilitant l’installation grâce à un nombre d’intervenants limité sur le chantier. Concernant l’entretien, les consommables sont rapidement accessibles, ainsi que les éléments de fonctionnement, facilitant le réapprovisionnement et la maintenance.

4 SupratechSèche-mains à air pulsé : plus d’efficacité et moins de bruit
Si les sèche-mains électriques sont minoritaires dans les toilettes publiques, ils ont l’avantage, par rapport aux essuie-mains en papier ou en tissu, d’être à déclenchement automatique, donc sans contact (pas de contamination des mains après leur lavage), d’éviter les consommables et le réassort et de ne réclamer qu’un entretien limité.
Il en existe deux modèles électriques. Les premiers, les plus anciens, poussent l’air chauffé sur les mains, provoquant l’évaporation de l’eau sur la peau. Ils remplissent leur office en 20 à 30 secondes, ce qui peut sembler une éternité à certains utilisateurs impatients. Les seconds, plus récents, sont des sèche-mains à air pulsé : les mains, glissées à l’intérieur de l’appareil, sont séchées grâce à une lame d’air puissante – elle avance à près de 700 km/h ! –, qui chasse l’eau comme un essuie-glace, en une douzaine de secondes seulement. Ils sont très efficaces, mais un peu trop bruyants. Toutefois, ces appareils à air pulsé évoluent. Les industriels travaillent le niveau sonore, qui a tendance à se réduire. Des solutions sont également proposées pour éviter le changement des filtres à air, afin de propulser de l’air propre sur les mains (le sujet de la dispersion des bactéries par ces appareils a fait l’objet de nombreuses polémiques qui, selon les spécialistes, auraient été lancées par le syndicat européen du papier, soucieux de préserver son marché face à ces sèche-mains redoutablement efficaces). De même pour l’eau chassée : elle est généralement récoltée dans un bac de récupération, qui doit être vidé et nettoyé régulièrement. Mais il existe des systèmes qui éliminent l’eau par évaporation et stérilisation ou grâce à des pierres absorbantes…

5 PrestoL’électronique : pour une gestion automatisée des postes d’eau
Au lavabo, la robinetterie temporisée procure des économies d’eau importantes par rapport à des mitigeurs de lavabos traditionnels. Elles le font grâce à un débit réduit à trois litres par minute et au fractionnement de l’écoulement durant le cycle de lavage des mains (mouillage, savonnage, rinçage). Leur rapport prix/robustesse/efficacité est imbattable.
Mais dans les sanitaires qui sont peu sujets au vandalisme (c’est-à-dire la majorité d’entre eux), la robinetterie électronique ajoute quelque 5 % d’économies supplémentaires en coupant simplement l’eau dès que les mains sortent du champ du capteur, notamment durant le savonnage. Toutefois, sa valeur ajoutée est le sans-contact, donc l’hygiène, ainsi que la possibilité d’effectuer des écoulements programmés qui permettent de lutter efficacement contre les légionelles.
6 delabieAu-delà du lavabo, l’électronique doit aussi être envisagée sur les urinoirs, y compris dans les sanitaires de bureaux où, comme ailleurs, les hommes ont tendance à ne plus actionner la chasse d’eau. Grâce à l’électronique, un rinçage est systématiquement effectué, donc les mauvaises odeurs évitées, et l’eau du siphon et des canalisations renouvelée. Là encore, la possibilité d’effectuer des rinçages programmés a du sens, en particulier dans les sanitaires à usage intermittent (groupes scolaires, stades…) et dans ceux des établissements de santé. Mais aussi en cas de forte affluence pour assurer le confort des utilisateurs.

7 SupratechLes chasses directes : efficaces, robustes et hygiéniques
Dans les sanitaires publics, les chasses directes progressent, quoique moins vite qu’elles ne devraient étant donné leurs atouts. C’est sans doute à cause d’un investissement légèrement supérieur et de la nécessité de les prévoir en amont du projet de construction ou de rénovation. Toutefois, on les voit apparaître dans les établissements de santé, hôpitaux mais aussi Ehpad, où l’on redoute les développements bactériens qui, on le sait, sont favorisés par l’eau stagnante, par exemple dans les réservoirs des WC. Plus globalement, les chasses directes ont l’avantage d’être puissantes (fonctionnant avec la pression du réseau d’eau), insensibles au calcaire, donc moins sujettes aux fuites, limitant les opérations de maintenance. Du point de vue de l’utilisateur, elles permettent d’éviter l’attente liée au remplissage du réservoir une fois la chasse actionnée, qui est incompatible avec les fortes fréquentations des sanitaires d’autoroute, par exemple. Et partout ailleurs, elles offrent moins de prise au vandalisme, ne serait-ce que parce qu’elles dysfonctionnent beaucoup moins que les chasses classiques (qui sont conçues pour une utilisation domestique), permettant de maintenir les toilettes plus propres. Enfin, les solutions de déclenchement ont évolué, devenant plus souples et aisément maniables par tous les publics, voire sans contact et automatiques.

8 PorcherUrinoirs : vers des modèles hybrides, économes en eau et sans odeurs
Entre les urinoirs sans eau, qui ont montré leurs limites (développement des odeurs en l’absence d’un entretien régulier), et les urinoirs classiques, consommateurs d’eau, sont récemment apparus les urinoirs hybrides, qui combinent les avantages de l’un et de l’autre.
Les urinoirs sans eau n’en consomment pas. Toutefois, pour éviter le problème des odeurs d’urine, ils doivent être rincés malgré tout, généralement à l’aide d’un produit régulièrement vaporisé sur les parois du bol par le personnel d’entretien, obligé d’intervenir régulièrement. Car, en l’absence de chasse d’eau, l’intérieur de l’urinoir n’est pas rincé, l’eau du siphon et des canalisations n’est pas renouvelée et les risques de cristallisation de l’urine sont bien réels.
9 GeberitLes urinoirs hybrides sont dotés d’un système de rinçage, mais ne possèdent pas de siphon, qui est remplacé par une cartouche à changer périodiquement ou par une bonde à membrane. Celle-ci s’ouvre généralement sous le poids de l’urine ou grâce à un système de détection. Ainsi, dans les urinoirs hybrides, la fonction de la chasse est uniquement de rincer le bol, afin d’éviter les mauvaises odeurs, puisqu’il n’est pas nécessaire de renouveler l’eau du siphon. La consommation d’eau est réduite d’autant. Contrairement aux modèles sans eau, les urinoirs hybrides sont adaptés à tous les sanitaires.

Marianne Tournier


Sociétés citées (Liens Web)

Delabie
Geberit
Porcher
Presto
Supratech

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