Dossier N°1 - Octobre-Novembre 2023
Le traitement de l’eau en pleine mutation
Edito
« Le traitement de l’eau se professionnalise ! »
Enjeu sanitaire au centre de la conjoncture, le traitement de l’eau nécessite une professionnalisation accrue pour répondre aux exigences des consommateurs.
Notre formation récente « traiteur d’eau » est un véritable label qui vient garantir une qualification apte à assurer un développement de l’activité des professionnels dans le traitement de l’eau. Cela correspond pour eux à une montée en compétences inéluctable pour répondre à une demande croissante. C’est aussi un signe de reconnaissance fort pour les consommateurs. Cette formation « gratuite » se compose de six sessions de 1 h 30 dispensée en visioconférence. Accessible aux installateurs des secteurs chauffage/sanitaire, elle est ouverte après signature de notre charte de déontologie. À ce jour, 19 entreprises sont labellisées et incitent de nombreux collaborateurs (managers, commerciaux, techniciens…) à poursuivre la formation. Formation, label, accompagnement de l’entreprise par l’Union des professionnels du traitement de l’eau (UAE) et parrainage d’un autre membre pendant trois ans sont autant de clés pour démarrer sur ce marché !
En parallèle, l’UAE travaille en commissions pour dresser des avis techniques à l’attention de ses adhérents. Ces notes explicatives abordent les différentes technologies et dressent de façon factuelle les recommandations, avantages, limites et inconvénients des technologies d’adoucissement et de filtration de l’eau. Ces avis techniques ont tous été remis à jour pour tenir compte les évolutions techniques et réglementaires (notamment l’impact de la directive européenne 2020/2184 transposée en droit français en janvier 2023).
Une nouvelle commission dédiée à l’économie circulaire, à la gestion des déchets et à la RSE a également été créée, avec pour objectif principal de sensibiliser les adhérents, de partager les connaissances et les compétences afin d’être toujours à la pointe des évolutions législatives et réglementaires, tout en développant une culture des enjeux sociétaux respectueux de l’environnement.
L’UAE a aussi entrepris une collaboration avec la Direction générale de la santé et des associations européennes sur la transposition des actes délégués à paraître au sein de l’Union européenne au début de 2024, dans le cadre d’une harmonisation européenne de la liste des matériaux en contact avec l’eau destinée à la consommation humaine.
Autre nouveauté : la mise à jour de la recommandation « Traitement de l’eau » avec l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), à consulter sur www.arpp.org, afin que la sémantique utilisée ne prête pas à confusion auprès du consommateur ou ne génère de la concurrence déloyale. La déontologie et donc le respect du consommateur sont primordiaux au sein de l’UAE !
Patrick Scelles, président de l’Union des professionnels du traitement de l’eau
Le traitement de l’eau en pleine mutation
Avec l’augmentation des prix de l’énergie, le coût important de certains équipements techniques qui utilisent l’eau (CET) et les nouvelles exigences des consommateurs, le marché du traitement est en pleine mutation. Adoucisseurs, antitartre et centrales pour eau de boisson s’améliorent, innovent et sont de plus en plus portés par de vrais « spécialistes » de l’eau.
Pourquoi faut-il plus traiter qu’avant ?
Comme l’affirmait l’année dernière Patrick Scelles, président de l’Union des professionnels du traitement de l’eau (UAE) pour le marché en France : « L’eau du robinet est devenue un véritable enjeu sanitaire et son traitement est un métier à part entière. » L’enjeu est cependant mondial, même si, à l’international, les discours sont très différents de ceux tenus en Europe. Deux exemples : selon le cabinet Kenneth Research, l’eau dure a un impact négatif sur la santé humaine (des calculs rénaux pouvant facilement se former, en raison des sels présents dans ce type d’eau). Selon les conclusions du National Center for Biotechnology Information, une consommation accrue de magnésium provenant de l’eau dure provoque une mortalité cérébrovasculaire.
En Europe et en France les arguments sont différents. L’adoucisseur est porté par trois avantages essentiels :
– il protège les équipements, de la chaudière au chauffe-eau en passant (c’est le cas de le dire) par la tuyauterie afin d’accroître la durabilité et les performances des équipements (y compris pour l’électroménager). À ce sujet, précisons qu’un chauffe-eau électrique basique entartré pose problème, mais, compte tenu du coût d’un chauffe-eau thermodynamique, il est encore plus important de protéger cet appareil ayant nécessité un investissement élevé ;
– il évite une surconsommation énergétique en stoppant l’entartrage ;
– il améliore le quotidien, l’eau adoucie étant meilleure pour la peau, les cheveux, les vêtements, etc.
Quelles que soient les raisons de traiter l’eau, le marché est en croissance. Au point de succomber, lui aussi, à la connectivité. Toujours selon le cabinet Kenneth Research, le marché mondial des adoucisseurs d’eau « intelligents » devrait connaître une croissance significative de 15 % entre 2022 et 2031.
Faire toujours plus « écolo »
Si le discours en Europe est donc plus réaliste, il est aussi plus raisonné, avec des procédés à la fois économes et écologiques.
Cyrille Gerhardt, PDG d’Aquabion France, Belgique et Luxembourg, le déclare clairement : « De manière globale, nous constatons une réflexion plus profonde de la part des usagers, aussi bien les communes, l’industrie et le résidentiel, afin de s’orienter vers des solutions plus écologiques et durables telles que la nôtre. La hausse des prix de production des produits d’entretien se répercute sur les prix de la maintenance et ce dans un contexte économique fragile, ce qui mène à regarder de plus près ce qui est utile et efficace. »
Même constat chez BWT avec Nicolas Marion, directeur commercial du marché bâtiment, qui constate que « les consommateurs recherchent des produits plus durables, plus performants qui permettent de faire des économies tout en préservant la planète avec une préférence pour les produits fabriqués en France, grâce une durée de vie prolongée des installations. La stratégie de BWT en la matière s’appuie sur son ADN de fabricant leader sur le marché du traitement de l’eau. Tout d’abord, grâce à la qualité de nos produits, l’innovation vers des fabrications de produits plus durables, économiques et écologiques. Et via la montée en compétences des artisans, véritables ambassadeurs de la qualité de l’eau par des formations et la création d’ici à 2024 de la BWT Académie. Plus qu’un fournisseur, BWT France se positionne pour accompagner les artisans afin de les rendre eux-mêmes experts du traitement de l’eau et offrir un soutien technique pour démocratiser le traitement de l’eau auprès des particuliers. »
Un marché qui se démocratise
Actuellement, entre 120 et 200 000 adoucisseurs (difficile d’obtenir un chiffre précis !) sont vendus à la fois par des spécialistes du traitement de l’eau, des plombiers-chauffagistes et par des GSB. Désormais bien connu et à portée de tous (surtout avec l’introduction des appareils low cost venus d’Asie), l’adoucisseur poursuit sa progression sur le marché, même si la conjoncture actuelle est peu encline à favoriser une croissance à deux chiffres. Des phénomènes annexes ont aussi porté le marché, notamment la tendance « noire » pour les meubles, sanitaires et robinetterie, peu compatible avec de l’eau calcaire !
Pour les différentes technologies antitartre qui apportent « protection » ̶ comme les adoucisseurs, mais en laissant le calcaire dans l’eau sans qu’il puisse s’incruster ̶ sans apporter le « confort » (pour l’entretien de la maison, la peau, le linge…), le développement est moindre et différent, les applications l’étant aussi.
En ce qui concerne l’eau de boisson, face aux problématiques émergentes et grandissantes sur la qualité de l’eau dans laquelle des pesticides et nitrates sont de plus en plus présents, de nombreux spécialistes du traitement de l’eau se sont attachés à proposer des équipements capables de délivrer une eau pure. La liste des substances nocives que l’on peut trouver dans notre eau étant longue, malgré les contrôles rigoureux exercés par les autorités compétentes. Les solutions se multiplient donc pour améliorer la qualité de l’eau en éliminant les principaux polluants.
Ayor : tout pour la gestion de l’eau dans l’habitat
Depuis trois générations, cette entreprise familiale française développe son expertise dans la gestion de l’eau avec Merkur, sa marque professionnelle spécialisée dans les solutions de traitement de l’eau. Antitartre (physiques, chimiques, magnétiques ou électroniques), stérilisateurs UV, adoucisseurs (voir le tout dernier Mercurion en page 27), osmoseurs, filtres, cartouches… tout est proposé sans oublier les procédés pour l’eau de boisson. À ce sujet, Merkur a développé deux bobines composées de la fibre brevetée Metalicapt, qui permettent de traiter les pesticides et nitrates pour l’une (Glypholia) et les métaux lourds et toxiques présents dans l’eau de boisson pour l’autre (Metalya). La marque a également conçu une solution simple à installer sous évier qui filtre, traite contre le goût et qui élimine les métaux lourds : Direct Pur. Il s’agit d’un concept comprenant un ensemble de quatre cartouches filtrantes (à changer tous les six ou douze mois) qui éliminent les métaux lourds, les molécules chimiques et les micro-organismes par ultrafiltration en conservant tous les minéraux essentiels à la santé. Fini le goût du chlore dans l’eau. Il permet de mettre en service l’installation immédiatement et rapidement (kit de raccordement sur le réseau d’eau froide et robinet col-de-cygne fournis), avec un encombrement minimal. Le changement est facile grâce au système Push and Clips, sans couper l’eau.
« C’est une technique qui répond avec précision aux besoins, précise Benjamin Le Bris, afin de ne traiter que ce qui est indispensable, où il faut et quand il le faut. » Chez ce fabricant français, il faut également évoquer l’adoucisseur solaire Ecosol. Complètement autonome et révolutionnaire sur le marché, Ecosol dispose d’une technologie de vanne volumétrique électronique à fonctionnement solaire (débit allant jusque 6,1 m3/h). Son panneau est aussi petit qu’un téléphone portable. Parfaitement adapté aux foyers d’une à cinq personnes, il permet d’obtenir une eau 100 % adoucie sans aucune consommation électrique !
La preuve par l’exemple avec Aquabion
Tout a commencé il y a un peu plus de neuf ans par un constat de dégradation des canalisations dans une commune où les administrés se plaignaient en permanence d’une pression d’eau trop faible. Face à un service client débordé et faisant état des solutions existantes, des frais de réalisation, de maintenance et d’entretien qui y sont liés, il a été décidé de mettre en place des dispositifs Aquabion sur les quatre châteaux d’eau de la ville.
Aujourd’hui, après neuf ans d’utilisation, un contrôle a été effectué grâce à l’installation de deux manchettes : une DN 100 à environ 900 m et une DN 150 à plus de 3 000 m d’un des châteaux d’eau, sur une pente montante, donc avec une perte de débit. Les premiers dépôts ont été observés à 2 900 m du château d’eau équipé et, même à cette distance, le calcaire n’était pas dur, mais poudreux et facile à enlever. Il faut préciser que la dureté de l’eau constatée sur la commune est de 33 °F, sachant que le procédé est efficace jusqu’à 85 degrés, avec une dureté d’eau allant jusqu’à 55 °F, la transformation du calcaire restant constante pendant un minimum de 72 heures. Cette performance permet à Aquabion de travailler sur des systèmes aussi complexes que des châteaux d’eau.
La technologie brevetée utilisée par Aquabion consiste à transformer le calcaire incrustant en aragonite poudreuse non adhérente sans aucune incidence sur les propriétés physiques ou chimiques de l’eau. Lorsque l’eau traverse les chambres à tourbillon généré par frottement, un très faible courant électrique provoque une microélectrolyse libérant des molécules d’une anode de zinc ultrapure située au centre de l’appareil. Les ions de zinc se placent ensuite autour des molécules de calcite entre 3 et 4 m derrière le dispositif.
À savoir : Aquabion a été reconnu comme solution innovante par Solar Impulse, organisation chargée de répertorier les solutions pertinentes pour relever les défis écologiques sans porter atteinte à la croissance économique.
BWT Best Water Technology : connecté et proactif
Le nouvel adoucisseur BWT my Perla Optimum, fabriqué en France (certifié Origine France garantie), est compact et répond aux besoins de la grande majorité des foyers (d’une à six personnes). Sa connectivité Wi-Fi permet à l’utilisateur de connecter l’appareil à l’interface digitale BWT « mon service » pour un pilotage à distance. Grâce à celle-ci, l’entretien est simplifié et le suivi de l’appareil, en temps réel (consommations d’eau et de sel). Des alertes en cas de situation anormales ainsi que des rappels d’entretien sont également transmis au particulier. Enfin, celui-ci peut gérer en ligne sa prise de rendez-vous pour la maintenance de l’appareil.
BWT my Perla Optimum à architecture bi-bloc (bouteille et bac à sel séparés) est doté d’un kit de raccordement complet, d’une interface couleur, d’un mode vacances (régénération automatique au retour après une absence prolongée), d’une sonde de chloration (désinfection automatique des résines à chaque régénération), d’un système de régénération volumétrique anticipée (pour une eau douce en permanence) et proportionnelle (économies d’eau et de sel).
Judo : tout pour l’eau !
Presque 90 années d’expertise dans le domaine de l’eau (et plus de 30 ans de présence en France) ont permis à ce fabricant allemand de proposer aujourd’hui un panel exhaustif de solutions de traitement de l’eau : filtres à rétrolavage, adoucisseurs, des solutions alternatives anticalcaire, des protections pour les eaux de chauffage, des purificateurs d’eau…
Avec sa technologie i-soft mise au point dans les années 2010, plusieurs générations se sont succédé apportant aux équipements les dernières évolutions techniques : eau désirée 24/24 heures sans variation de dureté, scènes d’eau désirée optimisées et personnalisables, connexion par Wi-Fi ou LAN pour la commande via une application gratuite, un navigateur web et une API, électronique de commande avec clavier tactile et écran de signalisation LCD, sans stagnation, à écoulement forcé, hygiénisation automatique…
Tout récemment, la dernière génération d’i-soft avec le modèle -C a affiché des dimensions compactes pour une installation particulièrement aisée. La dernière version i-soft Safe, quant à elle, inclut une protection contre les fuites avec détection de micro-fuites très sensible (0,01 l/h) et arrêt automatique. Il s’agit d’une vraie version intelligente, qui analyse la qualité de l’eau entrante et celle désirée.
L’année dernière, i-soft Pro était lancé, également avec un détecteur de micro-fuites et une intelligence artificielle intégrée : capacité à reconnaître de manière autonome les habitudes de consommation et de procéder aux adaptations de fonctionnement nécessaires, paramètres réglables individuellement pour un maximum de confort au quotidien avec huit scénarios d’eau désirée auxquels il est encore possible de déroger pour une adaptation ultra-personnalisée. Communicant (notamment via Alexia), i-soft Pro peut gérer jusqu’à trois logements ou convenir à de grandes maisons individuelles avec plusieurs salles de bains.
Judo a également démocratisé les détecteurs de micro-fuites Zewa en deux versions et qui sont disponibles, sans ou avec connectivité via l’application gratuite JU-Control ou un navigateur web. Sans oublier Zewa iTSafe Filt, station trois-en-un qui comprend à la fois un détecteur de micro-fuites, un filtre de protection utilisant des disques céramiques (avec réduction de pression intégré et manomètre) et un système communiquant de contrôle intelligent et économique (temps de rétrolavage court et absence de consommables).
North Star mise sur l’Hybrid
Un seul et unique appareil traite le calcaire et élimine les substances altérant le goût ainsi que la qualité de l’eau potable. Avec sa double filtration intégrée (couche de charbon actif granulé + résine cationique), cet adoucisseur monobloc est prêt à poser avec un kit de préfiltration, un kit by-pass « clip style », deux flexibles de raccordement « clip style », un transformateur, un tuyau d’évacuation, une rupture de charge.
Grâce à son système de régénération à capacité variable et saumurage proportionnel, il assure une régénération en eau adoucie en fonction des besoins réels du foyer. La consommation de sel et d’eau varie donc à chaque régénération pour des économies sensibles d’eau et de sel.
Sentinel : une vraie centrale de traitement
La centrale Komeo est capable de détartrer et de purifier toute l’eau d’un logement avec une eau ayant conservé tous ses minéraux, mais sans mauvais goût et sans pesticides, sans bactéries grâce à un antitartre magnétique, une lampe UV et des filtres à base de charbon actif. En outre, grâce à ses capteurs et à son débitmètre, elle détecte toutes les fuites et surpressions du réseau pour couper automatiquement l’alimentation en eau si besoin.
Un écran tactile avec une lecture claire des informations et une application (pour un contrôle à distance via réseau Wi-Fi) renseigne en temps réel sur la consommation d’eau, l’usure des consommables (filtres et lampe) et d’éventuels dysfonctionnements. Le système est également capable d’assurer un paramétrage simple et rapide (dureté de l’eau, programmation de la lampe UV…) et d’accompagner le remplacement des consommables grâce à un tutoriel intégré. Komeo peut être installée rapidement par un professionnel qui pourra également gérer sa maintenance, pour une solution clé en main. Design et compacte, elle s’installe contre un mur ou sous un évier (selon le modèle d’évier installé).
Sentinel propose également Aquatis, une solution de filtration compacte pour l’eau de boisson. Le système permet de conserver la minéralité de l’eau (calcium, magnésium…) grâce à deux cartouches de charbon actif naturel et à une membrane d’ultrafiltration. Son encombrement réduit ne nécessite que 50 cm à son installation sous l’évier. Mise en place en moins d’une heure, elle existe avec ou sans robinet. Facile à vivre pour l’utilisateur grâce à des cartouches accessibles se changeant en un tournemain, environ une fois par an pour une famille de quatre personnes, des voyants lumineux et une alarme préviennent dès que l’une des cartouches est à remplacer.
Virginie Bettati
Sociétés citées (Liens Web)
Aquabion
Ayor
BWT
Judo
North Star
Sentinel
UAE
