Télécharger le PDF


 Dossier - Avril / Mai 2013

Les solutions techniques pour la réalisation des douches de plain-pied


Hubert MaitreEdito

"La douche à l’italienne permet d’agrandir visuellement l’espace"

Incontestablement, la douche se porte bien – ce qui ne veut pas dire que la baignoire disparaît ! Sous le double effet de la recherche de confort et de la nécessité d’améliorer l’accessibilité dans la salle de bains, les ventes de parois de douche ont progressé de 7 % en 2011 et d’environ 5 % en 2012. En ce qui concerne les receveurs, le marché est difficile à estimer, tant les fournisseurs sont nombreux et les matériaux variés. Toutefois, la céramique et la synthèse dominent. La tendance est aux grandes dimensions, tous types de matériaux confondus. Il existe aussi des matériaux prêts à carrelés, idéalement adaptés aux solutions sur-mesure. Ce qui est sûr, c’est que les receveurs extraplats ont le vent en poupe et, avec eux, la douche à l’italienne…
Avec la douche entièrement carrelée, la paroi disparaît dans le décor de la salle de bains, qui semble alors plus spacieuse. À défaut de pouvoir agrandir physiquement nos pièces d’eau, nous jouons sur la transparence pour les agrandir visuellement. La tendance passe par des verres clairs et par la réduction, voire la disparition des profilés : installée en angle, délimitée par un seul panneau de verre, parfois sans porte ou simplement dotée d’un volet pivotant, la cabine de douche est de moins en moins fermée.
Dans les logements neufs, la loi du 11 février 2005 exige qu’au moins une salle d’eau soit équipée de façon à permettre, sans gros travaux, l’installation ultérieure d’une douche accessible. Il s’agit pour le législateur d’augmenter rapidement le parc de logements accessibles en France. Si l’idée est simple, sa réalisation est assez complexe du point de vue technique : comment et où positionner l’évacuation en attente ? Comment maintenir l’isolation phonique ?
Autant de questions auxquelles la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages, la DHUP, tente de répondre dans deux guides récemment publiées par le CSTB et destinés à préciser les conditions de réalisation des douches de plain-pied dans les logements neufs(1).

Hubert Maitre,
secrétaire général de l’Afisb,
association française des industries de la salle de bains.

(1) téléchargeables gratuitement sur www.developpement-durable.gouv.fr/document130286




Les solutions techniques pour la réalisation des douches de plain-pied


Souvent réclamée par les particuliers, boostée par la réglementation sur l’accessibilité, la douche de plain-pied ou douche à l’italienne est facile d’accès et libère des contraintes de formes et de formats. De nombreuses solutions techniques la mettent à la portée de (presque) toutes les salles de bains.

 

geberit AmbianceLa douche de plain-pied, dite à l’italienne lorsqu’elle est entièrement carrelée (sol et murs), est réalisable dans la plupart des salles de bains existantes, pour peu qu’il soit possible de rehausser le sol de la douche ou celui de la pièce devant l’accueillir (hauteur sous plafond suffisante). Car le siphon et la canalisation d’évacuation doivent être intégrés dans l’épaisseur du sol de la douche ou dans celle du plancher, de manière à autoriser, pour l’évacuation, une pente d’au moins 2 cm/m si la canalisation est encastrée sous un dallage béton ou de 1 cm/m lorsqu’elle circule en réseau apparent.


geberit bati supportgeberit receveurÀ moins qu’il soit possible de traverser le plancher à la verticale pour faire circuler la canalisation d’évacuation au plafond du niveau inférieur (un cas de figure impossible en habitat collectif), la hauteur de la rehausse dépend de deux données : la distance entre le siphon et la colonne de chute des eaux usées et la position de la culotte (hauteur) sur cette colonne de chute. En règle générale, il faut compter, pour la rehausse, 12 cm de hauteur (carrelage non compris). Une hauteur qui ne compromet pas l’esthétique de la pièce : d’une part parce que, entièrement carrelée, la douche à l’italienne a la particularité de disparaître dans le décor de la salle de bains (ce qui par ailleurs ajoute à l’impression d’espace) ; d’autre part, ce type de douche présente des dimensions suffisantes pour que la hauteur de la rehausse soit visuellement atténuée.
Autres contraintes techniques impliquées par la douche de plain-pied : en premier lieu, il est nécessaire d’assurer une évacuation rapide de l’eau, en particulier si des jeux d’eaux (pomme de tête, douchettes d’hydromassage…) sont prévus. Ce que l’on obtient en prévoyant une bonde de 90 mm de diamètre au minimum, reliée à une canalisation d’au moins 50 mm de diamètre, voire plus, selon sa longueur. 


Jackon panneauViega rigolePar ailleurs, il faut savoir que la hauteur minimale de la paroi doit être de 180 cm, sachant que le nouveau standard, proposé par de plus en plus de fabricants, se situe désormais à 200 cm.
Enfin, il est primordial d’assurer une étanchéité parfaite de la zone de douche. Autrefois, une telle étanchéité était réalisée à l’aide d’une feuille de plomb ou de zinc intercalée entre la forme de pente en béton et le revêtement carrelé, avec une remontée de 15 à 20 cm en partie basse des murs. Cette technique, très efficace mais plutôt laborieuse à mettre en œuvre, est désormais remplacée par trois types de produits : les films d’étanchéité en matériau synthétique, les receveurs prêts à carreler et les receveurs manufacturés extraplats.

 

Étanchéité sous chape avec les films en matériaux synthétiques
Rothalux doucheAvec les films souples, en PVC pour la plupart, on réalise une étanchéité sous chape en ciment de la douche. Faciles à poser, ces films permettent de résoudre tous les problèmes de la douche à l’italienne : étanchéité du sol, en particulier à la liaison murs/sol, et des pieds de murs grâce à des remontées de 15 à 20 cm, raccordement de la bonde (qui est solidaire de la feuille d’étanchéité) au siphon (fourni), évacuation rapide de l’eau (bonde à grand ou très grand débit) et forme adaptable à la géométrie des lieux (découpe facile). Reste à effectuer, au-dessus de cette étanchéité, une chape intégrant la forme de pente nécessaire à l’écoulement de l’eau vers la bonde ou le caniveau, avec des pentes de 2 cm/m, puis à réaliser la pose du carrelage. Attention : la forme de pente doit être conçue en diamant autour de la bonde centrale, afin d’éviter les zones d’eau stagnante (flaques d’eau).
Kaldewei receveurProposés par Lazer (Isotanche), Nicoll (Turbosol)…, ces systèmes, à sortie verticale ou horizontale, sont disponibles en plusieurs dimensions, voire sur mesure (position de la bonde). Ils bénéficient de la marque NF (Lazer) et peuvent être installés sous une baignoire, dans le cadre de la nouvelle loi sur l’accessibilité.
À noter, le système Kerdi, proposé par Schlüter Systems, est différent des autres : composé d’une natte en polyéthylène noyée dans le mortier-colle, il permet de réaliser une étanchéité sous carrelage des murs et des sols : si le carrelage peut être posé directement, en revanche, la bonde n’est pas solidaire de la natte. Il est donc nécessaire de pratiquer une découpe dans celle-ci et de mettre en œuvre selon les prescriptions du fabricant, de manière à assurer l’étanchéité de l’ensemble.
Lorsque la douche, de style Walk’in, n’est pas étanche, c’est-à-dire fermée par des parois et une porte, le cadre réglementaire exige que toute la salle de bains soit étanchée avec, dans la zone exposée aux projections d’eau, une pente d’au moins 1 % vers la bonde ou le caniveau d’évacuation de l’eau.

 

Forme de pente et siphon intégrés grâce aux receveurs prêts à carreler
ideal standard doucheLe receveur prêt à carreler, proposé par de nombreux fabricants (Aco, Dural, Lazer, Jackon, Lux Eléments, Schlüter Systems, Wedi…), existe en différentes formes (ronde, carrée, rectangulaire) et dimensions, et peut être découpé à la scie égoïne pour être ajusté aux dimensions de l’espace. L’étanchéité est assurée par des bandes spéciales, noyées dans du mortier colle. L’ensemble est ensuite carrelé.
Le receveur prêt à carreler existe en deux versions : une version extraplate, idéale lorsque le sol de toute la salle de bains est rehaussé, une réservation étant alors prévue pour le siphon et l’évacuation. Dans ce cas, le receveur est simplement posé sur le sol et la bonde raccordée au siphon.
Avec la version rehaussée, à choisir lorsqu’on ne peut pas rehausser le sol de la salle de bains, le receveur prêt à carreler est surélevé de manière à ménager l’espace nécessaire au siphon et à la canalisation d’évacuation. Grâce à différents accessoires, il peut s’adapter à tous les types de supports, y compris les planchers en bois.
De plus, grâce aux panneaux prêts à carreler, il est toujours possible de prolonger la zone de douche au-delà du receveur proprement dit. Une option qui évite tout risque d’infiltration d’eau lorsqu’on souhaite laisser ouverte toute ou partie de la douche.

 

Étanchéité délimitée avec les receveurs manufacturés
Les receveurs extraplats manufacturés sont en grès émaillé (longueur limitée à 120 cm), en acrylique, en polyester, en béton de résine, voire en acier émaillé. Même encastrés, ils laissent souvent apparaître un ressaut plus ou moins haut (en particulier lorsqu’ils sont en céramique). À ce titre, une douche est considérée de plain-pied lorsque ce ressaut présente une hauteur inférieure à 2 cm.
En rénovation, la mise en œuvre des receveurs manufacturés, quels qu’ils soient, nécessite de rehausser le sol de la douche ou celui de la salle de bains. Toutefois, comme c’est le cas avec les receveurs prêts à carreler, il est également possible, pour résoudre le problème de l’intégration du siphon et de la canalisation d’évacuation, de choisir un modèle extraplat dit à poser, c’est-à-dire rehaussé pour ménager l’espace nécessaire à l’installation de ces deux accessoires techniques.
Attention : pour éviter toute infiltration d’eau, une cabine de douche équipée d’un receveur manufacturé doit être fermée par des parois et une porte, à moins que l’étanchéité de la surface ne soit assurée au-delà du receveur proprement dit.

 

Caniveau, bonde centrale ou évacuation murale ?
Huppe walkinLa bonde siphoïde centrale, qui a largement fait ses preuves, a tendance à être remplacée par le caniveau, à la fois discret et d’aspect plus contemporain. Si le carrelage choisi pour la douche est de grand format, préférez le caniveau à la bonde centrale : grâce à lui, le receveur, maçonné ou prêt à carrelé, n’intègre qu’une ou deux pentes, contre quatre et plus avec une bonde centrale. Ce qui réduit les découpes de carrelage, d’autant plus délicates à réaliser que les carreaux sont de grandes dimensions. Mais attention aux gardes d’eau des caniveaux, qui ne sont pas toujours conformes à la réglementation, laquelle exige une hauteur minimale de 5 cm. L’installateur doit le savoir car il engage sa responsabilité.
À noter que, en matière de système d’évacuation de l’eau, l’offre ne cesse de s’étoffer : grilles de bondes ou de caniveaux à carreler, rigoles capables de prendre toutes les formes (Aco, Viega, etc.). Ainsi, Geberit propose une évacuation murale par l’intermédiaire d’un bâti-support spécifique, avec écoulement intégré. Cette solution très esthétique a également l’avantage de permettre la dissimulation des canalisations et de faciliter l’encastrement éventuel de la robinetterie. Elle est proposée en trois versions : pour robinetterie murale apparente, robinetterie murale encastrée et pour robinetterie déportée, et depuis peu associée à un receveur extraplat à carreler intégrant les pentes nécessaires à la bonne évacuation de l’eau.
Kaldewei, fabricant de baignoires et de receveurs en acier émaillé, a également présenté, à ISH 2013, Xetis, un receveur extraplat à écoulement mural intégré : le système, complet, garantit un montage simple et sûr (hauteur de montage : 49 mm).

 

Spécial rénovation : une douche à la place d’une baignoire
Cherchant à répondre à la demande des particuliers qui souhaitent remplacer leur baignoire par une douche, à moindre coût et sans engager de gros travaux de rénovation de leur salle de bains, Ideal Standard et Kinedo proposent, l’un IdealChange, l’autre Kinemagic, deux solutions de douche esthétiques et faciles à installer. Celles-ci reposent notamment sur des tabliers muraux en acrylique qui sont conçus pour venir habiller les murs en général non carrelés à l’endroit de la baignoire. Les systèmes, complets, intègrent la robinetterie, le receveur, les parois, etc. avec différentes options esthétiques ou d’équipements (robinetterie, types de panneaux, avec ou sans siège…). L’ensemble peut être monté en une seule journée.

 

Dans le résidentiel neuf
Nicoll film pvcDans le neuf, la douche de plain-pied implique l’intégration d’un siphon et d’une canalisation d’évacuation dans l’épaisseur du sol et la réalisation d’une forme de pente permettant de conduire l’eau jusqu’à la bonde ou au caniveau. La réglementation exige désormais qu’au moins une salle d’eau soit équipée de manière à ménager la possibilité d’installation une douche accessible. Lorsque celle-ci n’est pas installée dès l’origine, son aménagement ultérieur doit être possible sans intervention sur le gros-œuvre.
Les fabricants proposent des systèmes d’évacuation de baignoire transformable en douche de plain-pied (Nicoll, Valentin…). Mais, parce que l’intégration d’un siphon de sol a une incidence forte sur la conception de l’ouvrage, notamment sur le gros-œuvre (surépaisseur au droit du plancher, réservations localisées pour le corps du siphon et de la canalisation d’évacuation…), mais aussi sur le second œuvre (mise en œuvre d’une chape ou d’une forme de pente, étanchéité éventuelle), la direction de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Paysages (DHUP) a fait réaliser le « Guide pour la mise en œuvre d’une douche de plain-pied dans les salles d’eau à usage individuel en travaux neufs ». Cet ouvrage a pour objectif de préciser les conditions de réalisation des douches de plain-pied (c’est-à-dire avec ressaut maximal de 2 cm) en travaux neufs dans les salles d’eau à usage individuel et de présenter les solutions connues de réalisation. Ce guide, ainsi que le « Guide des salles d’eau accessibles à usage individuel dans les bâtiments d’habitation », qui recense les caractéristiques d’une salle d’eau accessible, sont téléchargeables gratuitement sur :
www.developpement-durable.gouv.fr/document130286 (ou, si le lien ne fonctionne plus, taper « douche » dans le moteur de recherche du site.)

 

Marianne Tournier

Copyright 2013 - FilièrePro, le magazine des professionnels du génie climatique, aéraulique et sanitaire - Tous droits réservés.