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 Solution technique

Réaliser un plancher chauffant


Souvent mis en œuvre dans le cadre de maisons à haute performance énergétique, le plancher chauffant basse température hydraulique (PCBT) présente de nombreux atouts, avec la possibilité d’abaisser la température de la dalle en été. Des précautions de pose doivent cependant être observées, dans le respect du DTU 65.14.

 

fp25 sol tech1fp25 sol tech2Le plancher chauffant basse température hydraulique constitue une solution intéressante permettant de valoriser une boucle d’eau chaude basse température issue d’une chaudière, d’une PAC ou encore d’un système combiné via un ballon tampon.


Selon l’arrêté du 23 juillet 1978 (titre 3 de l’article 35), la température mesurée au sol est au plus de 28 °C, pour une eau circulant dans les tubes de 50 °C. Le rayonnement et la convection de la surface du sol induisent une répartition de chaleur homogène verticalement, sans accumulation d’air chaud en partie supérieure du local. Globalement, le rendement d’émission du plancher chauffant est supérieur à tout autre émetteur. À sensation de confort équivalente, le rayonnement « chaud » du plancher autorise une réduction de 1 à 2 °C, de la température ambiante par rapport à un autre type de chauffage. D’où une réduction des déperditions et une économie d’énergie (économie jusqu’à 7 % pour 1 °C de différence). Ainsi, le plancher chauffant demeure un système de chauffage particulièrement adapté aux projets de logements basse consommation.
En 2006 et 2007, les DTU 65.14- P1 : « matériaux de synthèse et cuivre », dalles flottantes et DTU 65.14- P2 : « matériaux de synthèse et cuivre », autres dalles, ont remplacé les DTU 65.8 : 1 DTU « matériaux de synthèse », tous types de mise en œuvre et DTU 65.6 : 1 DTU « cuivre », tous types de mise en œuvre.

 

Mise en œuvre des composants
Les valeurs minimales des résistances thermiques R [m². K/W] des couches d’isolations continues sous le plancher chauffant sont différentes selon la situation constructive : R ≥ 0,75 en étage ou RDC déjà isolé, R ≥ 1,70 sur terre-plein, R ≥ 1,25 sur terre-plein isolé en périphérie et R ≥ 2,10 en sous-sol, cave ou vide sanitaire.
Dans le cadre d’opérations de rénovation, la réglementation thermique RT existante introduit des seuils d’isolation en sous-face. Elle précise que les planchers chauffants installés ou remplacés dont la face inférieure ne donne pas sur un local chauffé doivent être isolés à l’aide d’un matériau isolant avec R ≥ 2 (chauffage électrique) et R ≥ 1,25 dans les autres cas.
Le DTU mentionne que le matériau d’enrobage issu d’une centrale à béton doit être de 20 Mpa pour le béton et sous Avis Technique pour les chapes fluides. Pour un enrobage réalisé avec une bétonnière de chantier, il est toujours question de 350 kg de ciment par m3 de béton.
Les épaisseurs d’enrobage béton sont définies en fonction du type de pose (A ou C) et de la compressibilité des isolants (SC1 ou SC2).
La pose A sera choisie préférentiellement pour les revêtements de sols collés ou flottants, le type C pour les revêtements de sols scellés.
Pour la pose de type A, la dalle support reçoit une dalle à plots sous Avis Technique SC1 a/b. Un béton d’enrobage d’une épaisseur de 35 mm (sur SC1), de 40 mm (sur SC2) ou une chape fluide sous Avis Technique. Il s’agit d’épaisseur au-dessus des plots.
Pour la pose de type C, la dalle support reçoit une dalle à plots sous Atec SC1 a/b puis un béton d’enrobage d’une épaisseur de 20 mm. Par dessus l’ensemble, prend place une dalle désolidarisée de 45 mm.

 

Test avant réalisation de dalle
Avant de réaliser la dalle, l’étanchéité des circuits de chauffage doit être vérifiée en procédent à un essai sous pression d’eau. Un test d’une durée de 2 heures sous 6 bars de pression suffit à valider le circuit (le précédant DTU préconisait un test sous 10 bars, sans indication de durée). L’absence de fuites et la pression d’essai doivent être inscrites dans un rapport d’essai.

 

Mise en chauffe de la dalle
Après la pose, le séchage de l’enrobage s’étend sur une durée de 14 jours avant la mise en chauffe. La chauffe comprend tout d’abord une phase de 3 jours à 20 °C puis une durée de 4 jours selon une température de départ calculée dans les conditions de base, données dans l’étude. Ensuite, avant la pose du revêtement de finition, un délai d’attente doit être appliqué, en fonction de la nature même du revêtement.

 

La question des joints
Les joints de fractionnement doivent partir des angles (piliers et cheminées), c’est-à-dire des endroits où ont lieu des élargissements ou rétrécissements de la dalle. Ils doivent être placés au niveau des passages de portes et dans les couloirs. Du fait de leur faible retrait, les chapes à base de sulfate de calcium présentent des règles de fractionnement différentes (voir Avis Technique).
Par exemple, dans le cas d’enrobage pour planchers de type A, la surface de plancher entre joints est inférieure à 40 m², avec 8 m pour la plus grande longueur. Pour une chape fluide sous Avis Technique, la surface est portée à 300 m², avec 25 m pour la plus grande longueur.
Lorsque le plancher est traversé par un joint de dilatation du bâtiment, c’est toute l’épaisseur de la dalle support et de la dalle flottante (y compris le revêtement de sol) qui est interrompue. Ce joint ne doit évidemment pas être franchi par les tubes !

 


Réglementation et normalisation
• NF DTU 65.14 P1 : Exécution de planchers chauffants à eau chaude – Cahier des clauses techniques – dalles désolidarisées isolées.
• NF DTU 65.14 P2 : Exécution de planchers chauffants à eau chaude – Cahier des clauses techniques – autres dalles que les dalles désolidarisées isolées.
• NF DTU 65-10 : Canalisations d’eau chaude ou froide sous pression et canalisations d’évacuation des eaux usées et des eaux pluviales à l’intérieur des bâtiments – Règles générales de mise en œuvre.
• NF DTU 26.2 / 52.1 : Mise en œuvre des sous-couches isolantes sous chape ou dalles flottantes et sous carrelage.
• CPT Cahier 3164 – octobre 1999 : planchers réversibles à eau basse température.
• CPT Cahier 2808 – mai 1995 : systèmes de canalisation à base de tubes en matériaux de synthèse tubes semi-rigides en couronnes.
• NF EN 1264 -1 à -4 – Chauffage par le sol – Systèmes et composants –
Partie 1 : Définitions et symboles ; Partie 2 : Détermination de l’émission thermique ; Partie 3 : Dimensionnement ; Partie 4 : Mise en œuvre du système.


 

Plancher chauffant et revêtement bois
Si un revêtement bois n’est pas idéal du point de vue de l’efficacité du plancher (car il crée une résistance thermique importante entre l’émetteur et la pièce à chauffer), il est toutefois possible de l’appliquer selon un minimum de conditions.

  • Parquets collés : s’assurer au préalable que la résistance thermique du revêtement prévu n’excède pas 0,15 m².K/W. La mise en chauffe préalable à la pose, la pose du parquet et la première mise en chauffe de l’ouvrage terminé, sont réalisées en respectant les dispositions particulières telles que définies par la norme NF P 63-202-1 (DTU 51.2) ;
  • Parquets flottants : dans le cas où le fabricant autorise une pose sur sol chauffant, il est nécessaire au préalable de mettre en route le chauffage pendant trois semaines au moins. Se référer à la norme NF P 63-204 (DTU 51.11) ;
  • Parquets sur lambourdes : ce type de revêtement ne peut en aucun cas être employé, car la lame d’air entre la face intérieure des lattes et le sol présente une résistance thermique beaucoup trop élevée.

 

Michel Laurent

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