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Solution technique

La VMC double flux

En perte de vitesse en France*, contrairement aux  pays germaniques, la VMC double flux représenterait moins de 4 % des ventes de ventilation dans le résidentiel et environ 10 % dans le logement collectif et le tertiaire. Des difficultés d’installation et de maintenance – ainsi que le défaut de CITE et d’incitations réglementaires suffisantes – expliquent à l’évidence ces mauvais résultats. Elle répond pourtant parfaitement aux exigences d’efficience et d’économies des bâtiments, tout en représentant une solution aux problèmes de qualité de l’air.



fp49 sol tech 1 ptHormis ces qualités intrinsèques de récupération d’énergie capables de générer des économies, la VMC double flux doit aussi répondre aux attentes des occupants en matière de confort thermique et acoustique.

Constitution du système
Il comprend :
– un ventilateur d’extraction et un ventilateur d’insufflation ;
– des filtres ;
– éventuellement, un récupérateur de chaleur (échangeur statique à plaques, rotatif) ;
– éventuellement, une pompe à chaleur sur l’air extrait (double flux thermodynamique) ;
– éventuellement, un bipasse permettant qu’au moins un des flux ne transite pas par l’échangeur.
Ces différents éléments peuvent être combinés en un seul ensemble ou en plusieurs blocs.

Systèmes existants en collectifs
– Les centrales double flux avec ventilateurs et échangeur centralisés.
Elles sont majoritairement destinées à l’habitat social en raison de leur conception autorisant un accès pour l’entretien et les contrôles techniques sans avoir à pénétrer dans les logements. (Figure 1)
– Les centrales double flux avec ventilateurs et échangeur décentralisés. Elles sont destinées au petit collectif ne disposant pas de gaine technique et où, par conséquent, la solution d’un système double flux entièrement individualisé s’impose. (Figure 2)
– Les centrales double flux avec ventilateurs centralisés et échangeur décentralisés. Elles sont destinées à l’habitat privé où le syndic de l’immeuble sensibilise les propriétaires à la nécessité d’entretenir leur système de ventilation. (Figure 3)

Systèmes existants en habitat individuel
Deux architectures de réseau sont distinguées.
– En pieuvre. Chaque bouche est raccordée directement à l’unité double flux ou à l’échangeur. Ce type de montage exclut les réglages de débit au niveau de l’unité de ventilation. La régulation s’effectue à l’aide de composants disposés dans les conduits ou sur les bouches.
– En branche. Plusieurs bouches sont raccordées sur un même conduit. La régulation s’effectue à l’aide de composants disposés au niveau de l’unité double flux, dans les conduits ou sur les bouches. (Figure 4)

Le marché de la ventilation double flux s’oriente vers des produits haut de gamme ayant des performances élevées : échangeur à flux contre-courants croisés, moteurs à courant continu.
À noter en revanche que l’utilisation de filtres grossiers reste majoritaire (pas d’exigence réglementaire).

Mise en œuvre
Un DTU VMC double flux devrait prochainement voir le jour. En attendant, des documents RAGE sont disponibles pour les installations en habitat individuel, en habitat collectif ainsi que sur la performance et le retour d’expériences.
Pour l’installation, il s’agit essentiellement de :
– respecter des débits définis selon l’arrêté du 24 mars 1982 ; et
– limiter le bruit généré au niveau des bouches d’extraction et de soufflage.
Le niveau de pression acoustique normalisé, LnAT, du bruit engendré par une installation de ventilation mécanique en position de débit minimal est limité à 30 dB (A) dans les pièces principales et 35 dB (A) dans la cuisine du logement.
Les limites du bruit du voisinage qui se caractérise par une émergence sonore maximale par rapport aux bruits dits « résiduels » : de 5 dB (A) en période diurne (de 7 h à 22 h) et de 3 dB (A) en période nocturne (de 22 h à 7 h) ;
– respecter des règles de sécurité incendie en ce qui concerne le collectif.

Bonnes pratiques
– Le choix des gaines de distribution peut influencer à la fois l’efficacité du système, le confort et les conditions de maintenance :
– Le réseau doit être conçu en réduisant nombre de coudes et de dévoiements afin de minimiser les pertes de charge. Il est recommandé de rechercher un tracé limitant le croisement des réseaux de soufflage et de reprise.
– Lorsque les réseaux sont installés en faux plafond, il est recommandé de rassembler toutes les distributions au même endroit, de manière à limiter les zones du logement où le plafond est abaissé.
– Le dimensionnement des conduits consiste à déterminer leur diamètre en fonction du débit d’air et de la vitesse. Plus le diamètre est faible, plus l’installation est aisée en faux plafond. Par contre, plus la vitesse est élevée, plus il y a de risques d’engendrer des nuisances sonores au niveau des bouches de soufflage.

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Attention
Le dimensionnement des conduits doit tenir compte de la possibilité de surventilation. Si ce n’est pas le cas, le niveau sonore dans les pièces sera trop élevé au moment de la mise en route de cette fonctionnalité.
– L’air neuf doit être prélevé directement à l’extérieur. L’installation de la prise d’air doit se faire à l’extérieur, dans une zone éloignée le plus possible des sources de pollution et des rejets d’air et si possible sur le toit ou sur une façade protégée des vents dominants.
– Le rejet d’air doit être implanté de façon à ne pas réintroduire l’air vicié dans le bâtiment (par les ouvrants ou la prise d’air neuf). Il ne doit pas constituer une gêne pour les occupants. Il ne doit pas être installé face aux vents dominants.
– Le rejet et la prise d’air sont espacés le plus possible.
– Les grilles de soufflage sont placées dans les pièces de vie, sans cohabitation avec les entrées d’air. Afin de bénéficier de l’effet Coanda, elles doivent être installées à une distance relativement faible du plafond (inférieure à 30 cm) et éloignées des parois adjacentes (au moins 30 cm).
– L’isolation du réseau doit être intégrale et choisie selon les indications de résistance thermique de l’isolant, données en fonction de leur localisation.
– L’unité de ventilation doit être accessible (par un panneau amovible par exemple) afin de réaliser l’entretien et la maintenance (dont le remplacement régulier des filtres). L’accès doit être aisé et sans danger. Le lieu doit être suffisamment éclairé. Elle est donc implantée de préférence en volume chauffé.
– L’éducation des utilisateurs à l’entretien des filtres est impérative (la réduction de débit entraîné par l’encrassement des filtres conduit à une dégradation de la qualité d’air intérieur), ainsi que celle des bouches de soufflage et d’extraction.

Le référentiel de certification NF Ventilation Mécanique Contrôlée
(NF VMC) créé en 1998 couvre depuis décembre 2009 les systèmes de ventilation double flux (hors échangeur thermodynamique).

Virginie Bettati

* Sources Uniclima
– En habitat individuel, le marché des caissons double flux a baissé en 2016 (-14%) avec 22 767 pièces vendues, on aura perdu plus de 10 000 pièces (-28%) en cinq ans. En l’absence de politiques publiques incitatives valorisant les apports de cette technologie, Uniclima avoue avoir peu d’espoir quant à une reprise de ce marché.
– En logement collectif et tertiaire, le marché a perdu seulement 1 % avec 11 102 pièces vendues en 2016. Uniclima note ici une reprise de la construction neuve en tertiaire (+4%) qui devrait se traduire positivement sur notre marché en 2017 et permettre aux systèmes double flux maintenant quasiment systématiquement installés en construction neuve de reprendre leur croissance.

 

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