Les enjeux des salles de bains d’aujourd’hui.
Plus les salles de bains et espaces sanitaires deviennent confortables et déco, plus leur conception et leur mise en oeuvre nécessitent de technicité. Penchons nous pour une fois sur le confort d’usage et la pose avant d’aborder le design et l’esthétique.
Quels sont les enjeux des salles de bains et espaces sanitaires actuels ? Le confort d’usage et la sécurité (notamment pour les PMR), l’étanchéité de la douche, qui est loin d’être acquise (en particulier depuis l’avènement de la douche à l’italienne), mais également la simplicité de pose, qui est aussi une solution aux malfaçons. Les industriels connaissent parfaitement les points singuliers, sources de pathologies, et c’est aussi en fonction d’eux qu’ils font évoluer leurs produits.
Plus d’équipements destinés aux PMR
Selon l’Afisb (Association française des industriels de la salle de bains), les ventes de produits PMR se développent significativement, puisque 11 % des lavabos, 12 % des WC sur pied et 4 % des cuvettes suspendues vendus en 2016 étaient adaptés aux personnes à mobilité réduite. Au-delà des besoins, par exemple dans les établissements de santé, le marché devient sensible à cette problématique, l’adaptation de la salle de bains et des toilettes étant indispensable en cas de handicap ou dans le cadre du maintien à domicile des personnes âgées : mains courantes dans la douche, autour de la baignoire et dans les toilettes ; robinetteries facilement préhensibles ; receveurs de douche antidérapants ; WC ou lavabo à hauteur variable ; assises dans la douche ; WC lavant… sont autant d’équipements susceptibles de faciliter la vie de chacun et dont l’esthétique est désormais assurée. Pour exemple Delabie qui, spécialiste de l’équipement des sanitaires publics, vient de compléter sa gamme d’accessoires PMR avec Be-Line, une collection de barres et sièges de douche au design particulièrement soigné.
La douche : plus que jamais d’actualité
La douche continue de progresser dans la salle de bains, avec des ventes en hausse de 6,1 % en 2016 par rapport à 2015, selon l’Afisb. Elle gagne encore en transparence mais aussi en confort d’utilisation. Les portes s’ouvrent vers l’intérieur ou l’extérieur ou coulissent en douceur, grâce à des systèmes « soft close » accompagnant le mouvement (Kinedo, Roth…). Les charnières, qui permettent d’éviter les profilés, affleurent le panneau de verre, afin de faciliter le nettoyage. Elles sont plus souvent utilisées, parce qu’elles permettent une plus grande surface transparente.
Les concepts de remplacement de la baignoire par une douche continuent de séduire et d’évoluer. Roth lancera bientôt le sien, baptisé Vinata, qui mise sur le design et sur un temps de mise en œuvre réduit pour faire sa place. Il est vrai que, après la douche accessible, dont le marché est, selon Kinedo, désormais pratiquement mature, les solutions évoluent vers plus de design, pour séduire une autre clientèle (jeunes retraités, particuliers cherchant à remplacer une douche trop petite…). C’est ainsi que Kinedo fait évoluer Kinemagic en ajoutant une porte pliante en plus de la porte coulissante et du Walk’In, ainsi que des douches plus compactes, de 100 et 120 cm de large.
Receveurs encastrés : l’enjeu de l’étanchéité
Lorsqu’elle est ouverte et encastrée, la douche peut poser des problèmes d’étanchéité, là où le sol de la douche rejoint celui de la salle de bains, à la liaison sol/receveur. Lorsque le receveur est en céramique, acier ou matériau de synthèse, l’étanchéité n’est pas assurée, sinon par un joint silicone, qui n’est jamais durable. Dans ce cas, la douche doit être fermée, à moins que tout le sol de la salle de bains ne soit étanchéifié.
Car dans le cas d’une douche ouverte, cette liaison sol-receveur est soumise aux projections d’eau, et des infiltrations peuvent se produire. Conscients du problème, nombre d’installateurs choisissent, lorsque le sol de la douche est encastré et la douche de type Walk’In, des receveurs prêts à carreler. Grâce aux bandes d’étanchéité, ceux-ci assurent celle de cette zone. D’où l’intérêt des mêmes receveurs lorsqu’ils sont déjà habillés d’une surface minérale, laquelle permet aussi d’éviter le carrelage. L’installateur est également en mesure de conduire son chantier sans contrainte et de facturer une prestation globale. D’autres innovations sont attendues dans ce domaine à Idéobain, qui devraient permettre de varier l’esthétique de la douche.
Pour la douche de plain-pied, une autre solution existe, qui consiste à mettre en œuvre une forme de pente maçonnée, revêtue d’une étanchéité liquide (SEL) ou autre, sous carrelage. Dans ce cas, le point singulier se situe au niveau de la bonde ou du caniveau d’évacuation et son traitement dépend, certes, de la qualité de la pose, mais également de la qualité du siphon ou du caniveau, qui doit être conçu pour être raccordé à l’étanchéité. C’est le rôle de la platine, souple ou rigide, et dans ce dernier cas en Inox (Aco, Limatec…).
Des parois plus hautes, des murs habillés
Si, concernant la hauteur des parois, le standard est désormais calé sur 200 cm (hors entrée de gamme), il faut noter que l’on voit apparaître, ici et là, des parois hautes de 225 cm. Elles sont destinées à apporter une réponse à l’amendement A5 de la norme C15-100. Celui-ci définit, depuis le mois de janvier 2016, le volume 1 de la salle de bains à partir du fond du receveur de douche ou de la baignoire jusqu’à 225 cm de hauteur, sachant que « seules les parois fixes et pérennes jointives au sol limitent les volumes. »
Côté murs, les solutions d’habillage à l’aide de panneaux décorés se multiplient. Là encore, le concept est adapté aux installateurs, qui peuvent gérer leur chantier de A à Z sans dépendre du carreleur. D’autant que nombre de consommateurs apprécient de ne plus avoir à nettoyer les joints de carrelage dans la douche. Si les décors se multiplient, ils s’améliorent aussi.
Des salles de bains qui osent le style
La vague des salles de bains minimalistes, voire monacales, est en train de perdre du terrain. L’espace bain a de nouveau du caractère, affichant plus souvent une esthétique forte, mise en valeur par des revêtements de murs et de sol plutôt neutres, imitant d’autant mieux les matériaux naturels qu’ils sont proposés en très grand format.
La collection Memoria de Vitra, dont le bois clair est rehaussé par la céramique noire, en est un exemple. L’autre exemple, spectaculaire, est celui de la salle de bains Oval Lux Couture de Bette, avec son point d’eau et sa baignoire habillés d’un tissu outdoor.
Mais désormais l’originalité peut être apportée par les parois de douche, avec des décors sérigraphiés, voire imprimés. Très tendance, l’aspect verrière ou atelier, qu’il soit simplement sérigraphié ou obtenu à l’aide de profilés, pour des salles de bains de style industriel. Les verres plus ou moins opaques, miroirs, sérigraphiés… reviennent.
Autre originalité, proposée par Wici Concept, qui concerne les toilettes. Le spécialiste du WC suspendu avec lave-mains intégré propose des habillages personnalisés, obtenus à partir d’une photo en haute définition imprimée sur un film ensuite appliqué sur les panneaux d’habillage.
Faciliter la pose et l’usage
Si les fabricants ne cessent de proposer des produits dont la pose est simplifiée, les habitudes ont souvent la vie dure… Ainsi, le cuivre, matériau emblématique du plombier, résiste en France face au multicouche. Or, selon les fabricants, celui-ci se travaille comme le cuivre, les inconvénients en moins (flammes, fumées, vapeur de solvants…). Geberit veut en convaincre les artisans, qui installent déjà ses bâti-supports : le multicouche Volex qu’il lance aujourd’hui va faciliter leur art (de la plomberie), sans le modifier. Changer de matière pour gagner en confort de pose ne veut pas dire changer de métier, explique le fabricant suisse.
C’est avec les mêmes objectifs que Presto a lancé Prestotem2, une colonne de douche destinée aux sanitaires collectifs. Nominée au concours de l’Innovation d’Idéobain 2017, elle a l’avantage, au-delà de son esthétique, de disposer d’un système de charnières et d’ouverture de porte simplifiant l’installation par une seule personne.
Marianne Tournier
Feuilleter Cahier spécial - Du côté de la salle de bains 2017
