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 Dossier N°2 - Décembre 2018 - Janvier 2019

PAC Air/eau : cap sur la rénovation !


Destinée à environ 95 % au marché de l’habitat individuel, la PAC air/eau se porte plutôt bien. 2018 devrait annoncer une croissance d’un peu plus de 15 % par rapport à l’année précédente (elle était de 16 % en août), en espérant que le ralentissement de la construction neuve n’aura pas trop d’impact sur l’année complète ! Tour d’horizon de ce marché déjà florissant et en passe de le devenir encore plus grâce à la rénovation.

fp59 doss2 1Quelques données de PAC&Clim’Info (chiffres du marché de janvier à août 2018) :
– les PAC monoblocs représentent aujourd’hui 9 % du marché total des PAC air/eau contre près de 40 % en 2008 ;
– les PAC monoblocs augmentent moins rapidement que les PAC biblocs1 : +8 % sur les huit premiers mois de l’année. On constate tout de même une deuxième période de l’année meilleure, avec une croissance du marché de 11 %.
Sur la période janvier-août 2018, on remarque que la part des PAC inférieures à 10 kW, principalement installées dans le neuf, tend à diminuer par rapport à 2017, autant en monobloc qu’en bibloc. Cette baisse pourrait s’expliquer par le report, en maison individuelle, de l’achat d’une PAC air/eau au profit d’une PAC air/air.
La vente de PAC de 11 à 50 kW a, quant à elle, augmenté de manière plus significative : +33 % par rapport à janvier-août 2017. Cette progression peut s’expliquer par le marché du remplacement.
Pour les PAC haute température (55-65 °C) et très haute température (>65 °C), la croissance est à deux chiffres, avec respectivement 21 % et 54 %, sans doute en raison de l’augmentation du prix du fioul.

Thermea voit l’avenir PAC en rose et investit gros !
Pour Jean-Pascal Rabut, directeur business développement PAC, l’objectif du groupe BDR Thermea (qui comprend, rappelons-le, les marques Chappée, De Dietrich, Oertli, Sofath et Serv’Elite) est d’atteindre 8 % de parts de marché sur les pompes à chaleur en France en 2019. Ceci grâce à d’ambitieux projets, puisqu’il s’agit de lancer près d’une centaine de nouveautés (produits, évolution de gamme, aide à la vente, etc.). Le groupe, investira 50 millions d’euros entre 2018 et 2021 dans le centre de compétences international « pompes à chaleur » de Mertzwiller (Bas-Rhin). Quant à l’effectif de la R & D, il passera de 36 personnes à plus de 70 d’ici à la fin de l’année 2019.
Pourquoi ? Tout simplement parce que le groupe s’attend à une très forte hausse du marché de la rénovation, qu’il s’agisse de remplacer d’anciennes PAC ou chaudières, majoritairement fioul. Grâce au Cite reconduit en 2019 et aux CEE, l’investissement nécessaire à une PAC ne sera pris en charge par le particulier que pour moitié, soit environ 5 000 euros pour un temps de retour compris entre trois et cinq ans.
« La volonté du groupe est de pérenniser le marché. Nous constatons que nous nous trouvons dans la même situation (favorable) qu’en 2008, avec des aides attractives et une montée du prix du fioul. Ceci n’a pas empêché le marché de s’effondrer l’année suivante, de près de 60 %. Il est hors de question de reproduire ce schéma. Nous devons donc assurer des installations “zéro défaut” dans le plus grand respect des règles de l’art. Notre accompagnement auprès des installateurs sera donc optimal, qu’il s’agisse de la manipulation des fluides ou de la maîtrise hydraulique », explique Jean-Pascal Rabut.

fp59 doss2 2Bosch et elm : même combat pour accompagner les pros
Marc Trela, pour Bosch et elm Leblanc, annonce également beaucoup d’enthousiasme pour le marché rénovation qui se profile. Pour lui, 2019 devrait voir l’équilibre entre neuf et rénovation alors que 2020 tendrait déjà à favoriser l’ancien. « Certes, il faudra aussi compter sur les aides à venir qui influenceront sans conteste le marché, mais l’optimisme est de rigueur. D’autant que c’est bien sur ce parc ancien qu’il est intéressant d’agir et de faire des économies, le secteur du neuf étant déjà protégé grâce à la RT 2012. Il le sera encore plus avec la RE 2020.
« Notre objectif principal est d’aider la profession. En ce sens, Compress 6000 de Bosch offre tous les avantages avec une installation sans intervention sur les fluides frigo, puisque seules les liaisons hydrauliques sont à réaliser entre le groupe extérieur et le module hydraulique intérieur.
« Il faut aussi sensibiliser les pros, poursuit Marc Trela, sur les capacités des équipements. Alors que la plupart des PAC présentes sur le marché français sont issues d’usines asiatiques, c’est-à–dire conçues comme un équipement “dérivé” de la climatisation, nous avons l’avantage d’exploiter une conception scandinave, avec des PAC étudiées pour assurer intégralement le chauffage, même en cas d’hiver très rigoureux. Nos PAC sont aussi légères et très silencieuses. En adéquation parfaite avec les besoins du marché français. »
fp59 doss2 3Concernant les hybrides, nous constatons que le marché (estimé à 4 000 pièces/an) ne décolle pas. Le prix reste sans doute trop élevé et la conception n’est pas forcément adaptée aux besoins de la rénovation alors ce matériel s’adresse prioritairement à ce marché. Avec son hybride Mégalis Condens, elm y croit pourtant, en proposant un véritable concept d’hybride qui associe les deux technologies (gaz condensation et PAC air/eau) en cumulant les avantages : absence d’unité extérieure, compacité, performance…, le tout à un coût moins élevé que celui d’une chaudière !
Bosch elm : « Pas question de se gâcher le marché à venir avec des installations contre références comme cela a pu être le cas dans le passé. Notre action consiste donc d’ores et déjà à accompagner coûte que coûte les installateurs en leur fournissant des PAC capables d’assurer un confort à l’année, très simples à installer, de la formation, des aides avant et après-vente. »

fp59 doss2 4De Dietrich : rendre plus accessible le marché aux pros en simplifiant l’installation
Mathieu Dietrich, responsable produit pompe à chaleur chez De Dietrich constate qu’aujourd’hui, en habitat individuel – marché privilégié de la PAC air/eau –, le neuf reste encore la destination préférentielle des PAC puisque l’on y installe en large majorité des PAC air/eau (bien devant les chaudières gaz et autres systèmes de chauffage) et que, sur celles-ci, près de 80 % sont à double service. En habitat individuel rénové, outre la difficulté d’adaptation en raison des températures pouvant être installées en adéquation avec le réseau et les émetteurs en place, la PAC représente une alternative en forte croissance.
Pour parler installation, l’objectif est bien évidemment d’apporter une simplification maximale de la pose avec des produits ultra-compacts pour le neuf. Le meilleur exemple : Alezio Compact mixte avec ballon de 180 litres offrant certainement les dimensions les plus compactes du marché (L. 55,1 x P. 56,2 x H. 220,8 cm pour le module intérieur), afin d’assurer une intégration dans un placard de taille standard (60 x 60 cm). Pour la rénovation, des modèles hybrides avec chaudière gaz ou fioul sont proposés même si cette conception « double énergie » trouve également une place opportune dans le neuf. Avec Alezio S V200 par exemple, la marque propose une solution split qui convient aussi bien aux constructions neuves qu’aux rénovations en venant en appoint de chaudière. Elle est aussi dotée d’une régulation intelligente hybride qui permet une gestion optimisée du générateur en fonction du prix des énergies ou de la performance du système. Grâce à une remontée rapide en température, le préparateur intégré offre un confort en ECS de plus de 230 litres utilisables.
Mathieu Dietrich remarque que les splits tiennent toujours le haut du pavé avec plus de 90 % des ventes sur le marché français. La conception monobloc peut représenter un certain atout à l’installation, puisqu’elle évite toute manipulation des fluides frigorigènes à l’installateur et permettra plus simplement l’usage des nouveaux fluides à faible PRP, le circuit frigorigène étant hermétique d’usine. Une progression des monoblocs est donc à venir, néanmoins les solutions split resteront majoritaires.
Enfin, s’agissant des fluides, alors que les PAC air/eau De Dietrich proposées sont encore au R410-A, Mathieu Dietrich avoue que des projets sont sous le coude avec d’autres fluides de substitution. Cependant l’entreprise souhaite raisonner à long terme. En considérant le R32 comme un fluide de transition supplémentaire (certes utilisé pour la gamme climatisation Clim’up), la marque préfère d’ores et déjà réfléchir à des fluides sans aucun effet polluant, dits naturels.
« De Dietrich : le marché de rénovation en forte croissance. Si aujourd’hui nos PAC sont vendues à 70 % à destination du neuf et à 30 % vers la rénovation, d’ici à 2021, la répartition devrait déjà atteindre les 50/50. »

fp59 doss2 5Déjà la 3e génération pour Daikin
Daikin n’a pas attendu l’envolée du marché des PAC air/eau, puisque la marque avait lancé son premier modèle, Altherma, il y a déjà plus de dix ans.
La troisième génération a encore pris de l’avance en optant pour le R32 depuis 2017. Disponible en 4, 6 et 8 kW, Altherma conserve les mêmes fonctionnalités et atouts que ceux de la gamme précédente, en intégrant de nouveaux équipements, plus performants, une esthétique novatrice et des services associés plus intelligents. Elle permet le chauffage pendant les mois froids, jusqu’à -25 °C de température extérieure sans prise en glace, une production d’ECS sans appoint électrique supplémentaire, le rafraîchissement pendant les périodes estivales. Avec un COP de 5,4 (et de 3,3 pour l’ECS), elle affiche une classe énergétique A+++. Sa température de départ d’eau capable d’atteindre 65 °C lui permet d’alimenter des radiateurs ou un système bizone (plancher chauffant en RDC et radiateurs en étage).


fp59 doss2 encadProduction d’ECS + air filtré pour Aldès, spécialisation oblige !
Chez Aldès, compte tenu de la spécialisation en ventilation, on mise sur des concepts double service assurant à la fois qualité de l’air et production d’ECS, avec T.Flow Hygro+ connecté. Sachant que la production d’eau chaude sanitaire et la ventilation représentent jusqu’à 65 % de la consommation énergétique d’un logement, le fabricant veut apporter une réponse efficace, économique et plus confortable en permettant aux occupants du logement de suivre leur consommation et la quantité d’eau chaude disponible, mais aussi de piloter la production en fonction de leurs besoins, le tout depuis leur smartphone. Le système permet de produire jusqu’à 75 % d’eau chaude gratuitement en récupérant les calories dans l’air de la maison. T.Flow Hygro+ existe en deux versions : maison ou appartement. Des versions non connectées sont également disponibles.




fp59 doss2 7Le géant chinois Gree mise sur la qualité
En 2019, Gree passe un cap. Après sa gamme au 410 A, il propose une nouvelle gamme, Versati III, au R32, déclinée en version monobloc puis bi-bloc (dès avril 2019), sur une plage de 4 à 16 kW de puissance. Tous les modèles incluent un kit hydraulique avec pompe à inverseur Wilo, un échangeur à plaques Danfoss PHE et Alpha Laval PHE,  un contrôle WiFi. Ils affichent une classe A +++. Mais ce n’est pas tout, Gree veut garantir la puissance thermique annoncée, le coefficient de performance et un niveau de puissance acoustique limité en adoptant d’ici peu le référentiel NF PAC sur 100 % de ses PAC air/eau. Cet engagement volontaire (en cours de démarche) suit logiquement la stratégie de ce fabricant en Europe pour être reconnu en tant qu’acteur de référence en ce qui concerne la qualité !

fp59 doss2 6Viessmann : toujours dans le haut de gamme
Pour Emmanuel Bertocchi, product manager heat pump and water heater HP chez Viessmann, comme pour le reste des acteurs présents sur le marché français des PAC air/eau, « la rénovation sera sans conteste un marché d’avenir, qu’il s’agisse d’une première installation ou du remplacement des anciennes PAC posées dans les années fastes, 2006/2008. Reste à savoir à quel moment exactement basculera le curseur pour annoncer un marché supérieur à celui du neuf » !
Pour Viesmann il est aussi bien évident que l’objectif est de faciliter au maximum l’installation. Pourquoi : parce que tout d’abord, en France (contrairement à l’Allemagne par exemple), le marché admet difficilement de payer la main-d’œuvre pour l’installation. Afin de préserver la rentabilité des installateurs la pose doit donc forcément être simple et rapide.
Ensuite parce que, malheureusement, même s’il est possible d’installer des équipements monoblocs ne nécessitant pas la manipulation de fluides frigo, l’attestation de capacité reste presque toujours exigée. Certes illogique, cette obligation est mentionnée dans l’article R543-78 du code de l’Environnement2 en marge de la F-GAS. L’AdC est donc un passage quasiment obligatoire, ce qui veut dire que la solution pour simplifier l’installation n’est pas forcément de se diriger vers des PAC monoblocs (et la présence majoritaire des splits en France le confirme !), mais bien de concevoir des équipements – qu’il s’agisse d’effectuer des liaisons frigo ou hydro – autorisant une réelle simplification et par conséquent permettant une grande rapidité de mise en œuvre.
Outre cet objectif, Viessmann propose une gamme entièrement pré-équipée d’une entrée Smart Grid permettant d’exploiter par exemple une électricité fournie par panneaux photovoltaïques avec une gestion intelligente. Celle-ci permettra de dépasser les consignes pour profiter d’une énergie gratuite afin de constituer un stock pour l’ECS ou d’un tampon pour le chauffage. « Avec la RE 2020 se profilant à un horizon très proche, nous avons choisi d’anticiper et d’être prêts, quelles que soient les futures exigences… et ceci sans oublier le design de nos équipements ! »

fp59 doss2 8Weishaupt : silence et convivialité
Pour ce fabricant spécialiste de la rénovation, l’essor programmé du marché sur la rénovation est une aubaine. Avec des équipements positionnés haut de gamme, le fabricant allemand n’est pas, à l’évidence, très attiré par le marché du neuf où le prix est le premier critère de choix !
Joël Lind, responsable produits PAC, fait un point sur la gamme : « En 2017, nous avons lancé une gamme split avec la possibilité de produire de l’ECS par ballon annexé. En 2018, nous l’avons complétée avec des modèles de 8 à 10 kW, proposant des solutions avec préparateur intégré de 165 litres sous forme de colonne compacte. »
Pour les fluides utilisés, la stratégie du fabricant est encore tenue secrète. Contrairement à de nombreux acteurs, Weishaupt ne mise pas uniquement sur le R32. La raison ? Les contraintes de volume ambiant minimal du local d’installation imposées par la norme EN378Il rendent difficile de passer à des puissances supérieures à 10 kW pour les versions split, sauf à prévoir des locaux suffisamment vastes pour recevoir ces unités intérieures au R32 (ce qui n’est pas forcément dans l’air du temps puisque les surfaces habitables ne cessent de diminuer !).
Pour les monoblocs en revanche, dans le cadre du remplacement des fluides à fort GWP comme le R404A, Weishaupt a tablé sur un fluide de substitution, le R449 A, à mi-chemin du R410A et du R32 en matière d’impact sur la couche d’ozone. En attendant de trouver mieux, cette transition aide à conserver les mêmes composants éprouvés et par conséquent à n’occasionner aucune mauvaise surprise due au changement de fluide !
Impossible d’en savoir plus pour l’instant, le fabricant se réservant de dévoiler une partie de ses innovations sur le prochain salon ISH, en 2019 !
Des constantes tout de même pour l’évolution des gammes : améliorer encore l’efficience des équipements, aider les installateurs avec des PAC faciles à poser et, surtout, s’orienter vers le confort et la convivialité. Ceci en axant le développement produit vers des versions extrêmement silencieuses, en proposant la connectivité de série et en offrant des possibilités de pilotage ludique aux utilisateurs via leur smartphone.

fp59 doss2 9Stiebel Eltron : 100 % monobloc
Jérémy Audel, chef de produit chez Stiebel Eltron, annonce que la société poursuit son développement autour de ses PAC air/eau. Le fabricant propose une gamme complète pour répondre à la forte demande qui se profile pour la rénovation, mais aussi pour répondre aux chantiers neufs, avec des petites puissances. Avec une gamme composée à 100 % de PAC de type monobloc dédiée aux chauffagistes, le contrat est déjà rempli pour offrir aux installateurs une grande facilité d’installation sans manipulation de fluide frigorifique.
Sur la question des fluides, alors que les gammes fonctionnent aujourd’hui au R410A mais aussi au R407C (le R134A étant réservé aux chauffe-eau thermodynamiques), la réponse de Stiebel Eltron vise au-delà de l’échéance 2025, avec un fluide durable, écologique et non dangereux à la fois.

Propos recueillis par Virginie Bettati

1 – Précision terminologique : bibloc signifie split, avec liaisons frigorifiques entre une unité extérieure et une unité intérieure. Monobloc est le terme adéquat pour les groupes sans liaison frigorifique, c’est-à-dire avec liaison uniquement hydraulique, comme c’est le cas pour les systèmes composés d’un groupe extérieur et d’un module hydraulique intérieur.

2 – L’article précise que, au-delà de 2 kg de fluides (quels qu’ils soient) confinés dans un équipement, l’attestation de capacité est requise, ce qui correspond environ à toutes les PAC supérieures à 10 kW. Rappelons par ailleurs l’obligation d’un contrôle annuel de l’étanchéité des installations contenant plus de 2,4 kg de R410A ou de 7,2 kg de R32.


Sociétés citées (Liens Web)

Aldès
Bosch
Daikin
e.l.m. lebalnc
Gree
Stiebel Eltron
Thermea
Viessmann
Weishaupt

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