Dossier N°2 - Mars 2019
Économiser l’eau dans l’habitat et les sanitaires publics
Si dans les lieux publics, les automatismes assurent à la fois l’hygiène et la réduction de la consommation d’eau, dans l’habitat celle-ci passe par le contrôle des fuites, notamment dans les toilettes, ainsi que par une prise de conscience des utilisateurs, que les objets connectés favorisent.
En France, le prix de l’eau demeure très raisonnable et ne pousse guère aux investissements en faveur d’une réduction de la consommation, sinon dans le cadre d’une démarche de protection de l’environnement. Malgré tout, dans la salle de bains, les économies d’eau sont à l’ordre du jour depuis plusieurs années déjà, à l’initiative des industriels dans un but d’innovation et de différenciation, mais aussi des pouvoirs publics, par l’intermédiaire des réglementations et normes. La marque NF Robinetterie, par exemple, a progressivement évolué, notamment dans le cadre de la RT 2012, pour abaisser la consommation d’eau afin de réduire celle d’énergie. Ainsi, lorsque les mitigeurs de lavabo sont équipés d’une cartouche CH3, ils présentent un débit inférieur à 6 litres/min. Mais au-delà des normes et des produits, dans l’habitat, l’objectif consiste désormais à sensibiliser l’utilisateur afin qu’il limite lui-même sa consommation d’eau en abrégeant les usages qu’il en fait.
Détecter et réparer les fuites
Toutefois, il existe un autre gisement d’économies d’eau, celui des fuites. Accidentelles ou continues, celles-ci peuvent représenter des volumes considérables. Leur suppression passe par des systèmes de détection efficace. Dans l’habitat, collectif en particulier, elles sont aussi la cause de nombreux désordres et pathologies au niveau du bâti.
Depuis quelques années, les systèmes de détection de fuites d’eau se sont développés, qui passent par un ou plusieurs capteurs (d’inondation, d’humidité…), généralement connectés, reliés à une centrale d’alarme ou à une box domotique. Il existe également des compteurs d’eau capables de détecter des fuites, qui sont suspectées dès lors qu’ils tournent en permanence. Ces différents systèmes sont en mesure d’envoyer une alerte sur le smartphone du résident, du plombier, du bailleur… au choix.
Dans les toilettes, une nouvelle génération de robinet flotteur a vu le jour, qui permet de détecter et d’enrayer les fuites d’eau au niveau de la soupape, sans empêcher l’utilisation des WC. Leur fonctionnement, qui se passe d’électronique, est simple : lorsque le réservoir de chasse se vide en douceur – c’est le signe d’une fuite d’eau –, le robinet flotteur se ferme automatiquement, empêchant le remplissage incessant du réservoir de chasse. Mais grâce à un bouton de réarmement, il peut être rouvert le temps d’effectuer un remplissage et une chasse. Ainsi, l’utilisateur ne peut oublier qu’il existe une fuite d’eau dans ses toilettes et qu’elle doit être enrayée, tandis que celles-ci restent utilisables sans gaspillage d’eau.
Réduire les consommations dans l’habitat
Dans l’habitat, on estime à 120 à 140 litres la consommation d’eau moyenne par personne et par jour, dont 56 litres (+/-23 litres) seraient de l’eau chaude sanitaire à 40 °C. Cela représente 45 m³ par personne et par an (chiffres Creaq 2010, cités dans Les besoins d’eau chaude sanitaire en habitat individuel et collectif, Ademe, mai 2016).
Les économies d’eau sont un enjeu important dans les logements collectifs, en particulier les logements sociaux, ne serait-ce que pour baisser les charges locatives. La première action consiste à s’assurer que la pression du réseau de distribution ne dépasse pas 3 bars et à installer une réduction de pression si c’est le cas. Ensuite, les moyens de limiter la consommation d’eau sont souvent très simples : mise en place de mitigeurs à débits réduits, mécaniques sur les lavabos et évier et thermostatiques dans la douche et sur la baignoire. Des aérateurs autorégulés complètent le dispositif.
Cependant, réduire les débits aux points d’eau n’est pas suffisant. Prenons par exemple le cas de la douche. Elle est réputée plus économe en eau que le bain, à condition qu’elle ne s’éternise pas. Car tout dépend du temps que l’on y passe… 10 minutes sous une pomme de tête qui débite 18 ou 20 litres par minute – ce qui est le débit d’un mitigeur thermostatique de base –, ce sont entre 180 et 200 litres d’eau consommés. C’est pourquoi, en matière d’économie d’eau, la sensibilisation des utilisateurs est à la fois complémentaire et indispensable.
Aux toilettes, citons le robinet à ouverture différée, laquelle a lieu après la fermeture de la soupape. Ainsi, l’eau de remplissage n’est-elle pas évacuée. Sur les mécanismes classiques, ce robinet s’ouvre alors que la soupape n’est pas encore retombée. Selon un fabricant, ce type de robinet permet d’économiser 6 litres par jour pour une famille de quatre personnes (environ 0,5 litre par chasse).
Les objets connectés à la rescousse
Différents objets sont aujourd’hui disponibles, destinés à favoriser la prise de conscience des utilisateurs, enfants et adolescents notamment : douchettes à main et pommes de tête dont le jet change de couleur en fonction du temps passé sous la douche ou écran de contrôle affichant en temps réel la température et le volume d’eau consommé. Lorsque ces objets sont connectés, les consommations globales s’affichent sur l’ordinateur ou le smartphone, celles de chaque utilisateur et celles de toute la famille, qui se prend ainsi au jeu des économies… Différentes études ont prouvé que, lorsque les utilisateurs visualisent leurs informations de consommation, ils ont tendance à écourter la douche, donc à réduire le volume d’eau consommé de 15 % à 30 % selon le dispositif mis en œuvre.
Aux toilettes, les chasses à 3/6 litres sont pratiquement généralisées, sachant qu’il est difficile d’en réduire encore les volumes compte tenu de la conception de nos réseaux d’évacuation d’eau. Sur ce poste, ce sont les fuites qui représentent le gisement d’économie d’eau le plus important, d’autant qu’elles sont souvent imperceptibles et peuvent s’éterniser.
Dans les lieux publics, hygiène et économie d’eau font bon ménage
Les robinetteries automatiques ont l’avantage de limiter la consommation d’eau dans les sanitaires publics, où elle serait de 50 % supérieure à celle mesurée dans le secteur résidentiel. Ainsi, un lavage de main dure, selon les spécialistes, environ 32 secondes, entre le mouillage des mains (environ 5 secondes), le savonnage (20 secondes) et le rinçage (7 secondes), entraînant une consommation de 3 à 6 litres d’eau, variables selon le débit de la robinetterie.
Robuste, le robinet mécanique temporisé, qui se ferme automatiquement au bout d’un temps donné, est adapté aux sanitaires publics non surveillés. Il assure jusqu’à 85 % d’économie d’eau par rapport à un mitigeur classique avec un débit de 9 litres/min, grâce à la temporisation – en général préréglée à 7 secondes – et à une réduction du débit à 3 litres/min, modulable entre 1,5 et 6 litres/min la plupart du temps.
Avec un mitigeur électronique, le débit est coupé lorsque les mains sortent du champ de détection infrarouge. Il en résulte 5 % d’économie d’eau supplémentaire par rapport à un mitigeur mécanique temporisé, ainsi qu’une meilleure hygiène grâce à l’absence de contact et à la possibilité d’effectuer des rinçages antibactériens périodiques.
Économies limitées dans les WC publics
Concernant les WC, des économies d’eau peuvent être attendues grâce à la chasse directe qui, en évitant le réservoir et son mécanisme, supprime les risques de fuites d’eau tout en simplifiant la maintenance. Toutefois, on l’a vu, la réduction de la consommation d’eau est limitée à ce poste, car on ne peut diminuer impunément les volumes des chasses. À ce propos, rappelons que, selon le dernier DTU plomberie, « les WC fonctionnant avec un réservoir de moins de 6 litres d’eau […] nécessitent une étude de conception spécifique de l’installation. » Ceci expliquant cela, seules les cuvettes conçues pour chasser à 3/6 litres sont admises à la norme NF. Et non pas celles qui sont plus économes en eau.
L’urinoir, source d’économie d’eau
Dans les toilettes masculines, l’urinoir participe à l’économie d’eau grâce des chasses dont le volume est très inférieur à celui des toilettes. C’est d’autant plus le cas lorsqu’il est sans eau, donc sans siphon et garde d’eau. Mais attention : l’urinoir sans eau n’est adapté qu’aux sanitaires dont la fréquentation est suffisamment importante pour nécessiter l’intervention du personnel d’entretien plusieurs fois par jour. Le rinçage du bol de l’urinoir et de la canalisation d’évacuation est en effet indispensable pour éviter les mauvaises odeurs.
Marianne Tournier
Sociétés citées (Liens Web)
Delabie
Dubourgel
Duravit
Grohe
Hydrao
Inman
Presto
Roca
Schell
Wirquin
