Télécharger le PDF


 Dossier - Février 2009

Le marché français de la climatisation et des PAC : des résultats contrastés


Christophe MutzEdito

"Bel engouement des français pour les pompes à chaleur air/eau"

L’étude récemment menée par PAC & Clim’Info auprès de l’ensemble de la filière (fabricants, grossistes et installateurs) confirme que l’année 2008 est sans conteste l’année du chauffage thermodynamique en France (pompes à chaleur).

Preuve à l’appui avec le taux d’augmentation mesuré sur le marché des PAC air/eau : 180 % de croissance au cours du premier semestre 2008 pour les groupes de moins de 50 kW !
Nous prévoyons de quantifier, sur toute l’année 2008, une vente totale de 120.000 PAC air/eau (contre 51.500 en 2007).

En parallèle de cette extraordinaire poussée du marché des PAC air/eau, celui du marché des PAC air/air pour le résidentiel, déjà plus mature, connaît un ralentissement dû entre autres causes à un contexte économique délicat avec une baisse du pouvoir d’achat et à des conditions météorologiques peu favorables.
Les ventes de groupes extérieurs devraient avoisiner les 380.000 unités en 2008 (-25 % par rapport à 2007) et 100.000 unités intérieures cette année (si les ventes ont été importantes cet automne).

Le marché de la géothermie, quant à lui, reste stable en 2008. Résultat qui, malgré l’existence d’un crédit d’impôt sur ce type de solution, prouve que les français privilégient des solutions aérothermiques plus faciles à installer et très performantes en termes de consommations d’énergie. Elles demeurent aussi mieux adaptées à notre climat.  

Nous le savons, le pétrole est une denrée qui se raréfie et dont le coût ne cessera d’augmenter. La solution de l’aérothermie s’impose donc tout naturellement puisque son principe de fonctionnement est basé sur l’exploitation des calories présentes dans l’air, énergie dite « gratuite ».
La pompe à chaleur entre dorénavant dans les mœurs françaises et commence à supplanter les solutions de chaudières à fioul et à gaz dont le fonctionnement s’avère plus onéreux et plus énergivores.   

Le marché du résidentiel doit prendre modèle sur celui du tertiaire, moins mis en avant par l’ensemble de la filière et les medias. Pourtant, les PAC existent depuis de nombreuses années dans le tertiaire, avec des technologies qui se renouvellent sans cesse et des résultats très satisfaisants (fiabilité, facilité d’utilisation, confort optimisé, baisse des consommations d’énergie, etc).

Aujourd’hui, nous souhaitons poursuivre une forme de communication pédagogique à destination du grand public pour les sensibiliser à l’intérêt d’investir dans des solutions de pompes à chaleur utilisant des énergies renouvelables.

La pompe à chaleur en est encore à son premier balbutiement. Les chiffres de ces dernières années laissent augurer un bel avenir au marché des pompes à chaleur en France avec le développement de nouvelles technologies focalisées sur l’économie d’énergie et la recherche du confort (fluides, récupération d’énergie, Coefficient de performance, etc).   


Christophe MUTZ,
Vice-Président  pompes à chaleur d’Uniclima, membre du bureau Clim’Info

 


Le marché français de la climatisation et des PAC : des résultats contrastés


2008 est une année de recul pour le marché français de la climatisation et des PAC. Le repli de l’activité est particulièrement prononcé dans la climatisation de confort après deux années de croissance exceptionnelle, contrebalancé toutefois par l’essor des PAC air/eau. Dans les secteurs tertiaire et commercial, la complexité grandissante des circuits de décisions se traduit par une baisse des équipements en appareils de climatisation.


MURAL ASYA AtlanticLa conjoncture économique, le changement de législation concernant les crédits d’impôt et les conditions climatiques expliquent essentiellement les raisons de la baisse. Toutefois, cette dernière est amortie par le dynamisme des pompes à chaleur air/eau. Une industrie de la climatisation qui produit des climatiseurs plus propres et qui consomment moins, qui participe aux efforts de baisse de rejet de CO2 dans l’atmosphère et à une meilleure répartition des ventes tout au long de l’année, est une industrie sur la voie de la maturité.

 

La climatisation résidentielle : un marché en recul quoique toujours dynamique

Ce segment de marché concerne les appareils de climatisation de petites puissances (généralement inférieures à 17 kW), aujourd’hui presque exclusivement réversibles et utilisant la technologie Inverter (à 88%). Ce marché reculerait en 2008 à son niveau de 2006 et afficherait à la fin de l’année 2008 une baisse de 25% par rapport à l’an dernier, avec environ 380 000 unités vendues. Ce repli est cependant à relativiser car le marché reste globalement dynamique avec une croissance moyenne de 11% par an depuis 2002.
Cette baisse d’activité peut, en partie, s’expliquer par la restriction du crédit d’impôt aux seules unités extérieures depuis juillet 2007. Ce changement de législation aurait gelé la réalisation de nombreux projets. « La loi de finances 2009 a été récemment  votée, explique Éric Bataille, directeur marketing pour les activités ventilation, PAC et climatisation pour le groupe Atlantic. Le crédit d’impôt pour les PAC air/air a été supprimé mais est maintenu pour les PAC Air/Eau et géothermales, quoiqu’à des taux diminuant de 50 à 40%. Nous le regrettons vivement car les PAC air/air sont très performantes en termes de rendement, de Cop et de prix. Pourquoi subissent-elles cette discrimination ? »
En effet, en cas de rénovation d’une installation de chauffage, la présence de circuit hydraulique permet l’option de PAC air/eau ou de PAC géothermales qui sont, elles, toujours éligibles au crédit d’impôt. En revanche, pour les propriétaires désireux de rénover leur installation de chauffage dépourvue de circuit hydraulique (telles les installations de chauffage électrique), devront soit installer un circuit hydraulique, ce qui est très onéreux en rénovation, soit choisir une PAC air/air qui est une solution beaucoup plus simple en termes de travaux mais qui se verrait privée du soutien des aides publiques. Or, ce sont souvent les ménages les plus modestes qui sont équipés de chauffage électrique et qui devraient, dans ce cas, payer plus cher l’accès aux énergies renouvelables.


La climatisation commerciale et petit tertiaire

Alfea AtlanticAppareils de climatisation autonomes, les unités de toiture dites « roof-top » sont principalement installées pour climatiser les grandes surfaces alimentaires ou spécialisées, sur un marché essentiellement de remplacement, compte tenu du peu d’ouvertures d’hyper et supermarchés en France. La tendance à la stagnation du marché, constatée depuis 2006, se poursuit. Les résultats des ventes à fin août 2008 confirment le constat établi en 2007 : les achats se portent davantage sur les appareils d’une puissance supérieure à 29 KW.
Quant aux DRV, les systèmes de climatisation à Débit Réfrigérant Variable, leurs ventes affichent pour la première fois un repli de 4% fin août 2008 par rapport à la même période de 2007, à 9 845 unités.  Si cette tendance se confirme sur le dernier trimestre, le volume annuel pourrait être en décroissance, avec seulement 14 500 unités vendues en 2008 contre 15 100 en 2007.
Ces appareils de climatisation répondent à toutes les applications de confort et sont notamment de plus en plus employés dans l'immobilier de bureau. Très flexibles, les DRV sont également économiques, car leur puissance s'adapte en permanence aux besoins thermiques des locaux traités, ce dont témoigne Cécile Rorato, responsable communication chez Mitsubishi Electric Europe. « Malgré le léger fléchissement qui affecte actuellement le marché du DRV, nous constatons que les clients demeurent néanmoins très demandeurs de solutions qui favorisent les économies d'énergie. Chez Mitsubishi Electric, nous mobilisons notre expertise technologique et notre capacité d'innovation pour répondre à ces attentes en concevant de nouvelles solutions techniques comme l'attestent notre module de production d'eau chaude sanitaire compatible avec notre système DRV R2 à récupération d'énergie avec seulement deux tubes ou nos nouveaux systèmes de télécommandes et de pilotage de nos équipements. »

 

Les systèmes à eau glacée

En ce qui concerne les ventes dans le grand tertiaire, le premier quadrimestre 2008 est resté soutenu dans la foulée de 2007. Mais un ralentissement sensible s’est fait sentir à partir de mai laissant présager un repli compris entre 3 et 5% pour 2008. Les ventes d’unités terminales à eau glacée sont en baisse pour la première fois depuis 2004. Le repli estimé en 2008 par rapport à 2007 devrait toutefois être limité à 2,5%, à un total de 185 849 unités.

 

Un durcissement de la réglementation

La réglementation européenne se met en place en France. Entre le 4 janvier 2009 et le 4 juillet 2009, les « inscriptions en préfecture » seront progressivement remplacées par des « attestations de capacité ». Ces  attestations, obligatoires pour  manipuler et acheter des fluides frigorigènes, vont être délivrées par des organismes agréés. « Cette démarche est beaucoup plus lourde que la précédente et pourrait rebuter certains artisans, ajoute Éric Bataille. Nous, fabricants et notamment Atlantic, nous travaillons dans deux directions : d’une part, la mise à disposition de stations services qui assurent la prise en charge de la partie frigorifique. D’autre part, la possibilité que nos centres de formation délivrent des certificats d’aptitude à la manipulation des fluides suivant les démarches d’organismes certificateurs. »
Par ailleurs, les contrôles de confinement (le contrôle d’étanchéité) devront être de plus en plus fréquents et précis. Or, il s’agit là d’une opportunité pour les professionnels, selon Éric Bataille : « Les détenteurs d’appareils à fluide seront obligés de se soumettre à des contrôles périodiques, qui représentent autant de contrat de maintenance à proposer. Les installateurs pourront légitimement vendre des contrats en plus des installations elles-mêmes »

 

Le marché des PAC : Les PAC air/eau plébiscitées

GEOLIS2 AtlanticEn 2007, la France occupait la 2ème position du marché européen des PAC. En 2008, la France est en 1ère position de ce même marché (voir tableau ci-dessous).
Au regard de la répartition par puissance, l’application résidentielle des pompes à chaleur se confirme. Quasiment 100 % du marché se situe sur la tranche inférieure à 20 kW dont 60 % entre 11 et 20 kW. Les pompes hautes température (température d’eau > 60 °C) destinées essentiellement à la rénovation et la relève de chaudière représentent 25 % de parts de marché.
L’aérothermie (les systèmes Air/Air et Air/Eau) en France se voit donc plébiscitée. L’intérêt pour cette sous-famille de pompes à chaleur s’explique surtout par l’excellent rapport performance/prix d’installation qu’elle offre. « C’est effectivement dans le secteur résidentiel, où sont mises en œuvre de petites puissances, que le marché des PAC a explosé, confirme Christophe Mutz, directeur corporate et stratégique planning Daikin Airconditioning France. En tertiaire, les PAC existent depuis très longtemps, ce sont notamment de grandes puissances qui équipent les immeubles de bureaux. Mais ce marché tertiaire n’est pas nouveau et les PAC y étaient déjà bien implantées. »
Parmi les arguments qui soutiennent le marché global des PAC, qu’elles relèvent de l’aérothermie ou de la géothermie, celui du souci de plus en plus répandu parmi les utilisateurs de la préservation de l’environnement revient sans cesse. « Outre l’avantage de réduire la facture énergétique, préférer une PAC à tout autre mode de chauffage utilisant une énergie fossile constitue évidemment un geste en faveur de l’environnement, » souligne Christophe Mutz.

 

Tableau

 

Les perspectives pour 2009

La crise économique intervenue dans le courant de l’année 2008 a infligé un net recul des ventes pour la plupart des systèmes de climatisation et de PAC. Pour autant, il n’est pas question de céder au pessimisme, comme le déclare Éric Bataille : « A l’inverse de ce qu’on entend sur la situation économique, la dernière partie de l’année 2008 est plutôt très dynamique en PAC air/air. Cette activité est liée à une demande en chauffage. Et au-delà du crédit d’impôt, la PAC air/air constitue une solution très performante et économique pour le chauffage. L’ensemble de la profession pour les mois d’automne réalise d’ailleurs de bonnes ventes liées à la fonction chauffage des appareils. L’arrêt du crédit d’impôt portera certainement un coup à la bonne progression des ventes. Mais on sort également de deux années climatiques très mauvaises. Il faut donc rester très prudent : on est poussé au plus grand pessimisme mais au moindre coup de chaleur, nous assistons à un rebond des ventes très rapide, voire à une pénurie de la fourniture des appareils. »
Les prévisions pour l’année 2009 estiment que le total des ventes de PAC devrait approcher les 150 000 unités. Le premier semestre 2008 devrait être en progression, lié au report des volumes non livrés sur le dernier semestre 2008 (rupture de stock chez les principaux fabricants avec 6 mois de délais d’attente).

 

Les dispositions fiscales

AtlanticLa Loi de finances 2009 (LOI n° 2008-1425 du 27 décembre 2008 de finances pour 2009) vient d’être votée et comporte deux propositions majeures : le crédit d’impôt et le prêt à taux zéro.

 

Le crédit d’impôt

La loi de finances 2009 prévoit d’aménager le dispositif actuel.
Ce dispositif de crédit d’impôt pour travaux, qui s’applique jusqu’au 31 décembre 2009, est étendu jusqu’au 31 décembre 2012. Le plafond des dépenses éligibles, de 8 000 euros ou 16 000 euros selon la composition du foyer fiscal, est maintenu et, désormais, apprécié sur cinq années consécutives.
Afin d’inciter les contribuables à acquérir les équipements les plus performants en matière d’économie d’énergie et à réaliser des travaux d’isolation thermique, la liste des dépenses éligibles est d’une part recentrée sur certains équipements et, d’autre part, étendue à certaines dépenses non prises en compte jusqu’alors.

 

Recentrage du crédit d’impôt

Les chaudières à basse température ainsi que les pompes à chaleur Air-Air ne sont plus éligibles.
Le taux applicable aux appareils de chauffage au bois et aux pompes à chaleur (50 %) sont réduits à 40 % pour les dépenses payées en 2009, puis à 25 % pour celles payées à compter de 2010 (le taux est toutefois maintenu à 40 % pour les dépenses concernant des logements achevés avant le 1er janvier 1977 et effectuées au plus tard le 31 décembre de la deuxième année suivant celle de leur acquisition).

 

Extension du crédit d’impôt

  • Le champ d’application de l’avantage fiscal est étendu aux frais de main-d’œuvre pour les travaux d’isolation thermique des parois opaques (au taux de 25 %, ou de 40 % pour les dépenses concernant des logements achevés avant le 1er janvier 1977 et effectuées au plus tard le 31 décembre de la deuxième année suivant celle de leur acquisition)
  • Pour permettre aux ménages de connaître les caractéristiques thermiques réelles de leur logement, le crédit d’impôt est également étendu, au taux de 50 %, aux frais engagés, hors les cas où la réglementation le rend obligatoire, au titre d’un diagnostic de performance énergétique (DPE)
  • Enfin, et pour inciter les propriétaires à réaliser des travaux d’économie d’énergie dans les immeubles loués, le bénéfice du crédit d’impôt leur est accordé à raison des travaux réalisés dans des logements achevés depuis plus de deux ans qu’ils s’engagent à louer nus, à titre de résidence principale des locataires, pendant une durée d’au moins cinq ans. Le plafond des dépenses éligibles est fixé à 8 000 € par logement. Au titre d’une même année, un contribuable peut bénéficier du crédit d’impôt pour la rénovation d’au plus trois logements.

L’ensemble de ces aménagements s’appliquent aux dépenses payées à compter du 1er janvier 2009.

 

Le prêt à taux zéro

AtlanticLe projet de loi de finances 2009 prévoit d’instaurer un nouveau prêt à 0% pour financer soit des travaux destinés à garantir une performance énergétique minimale des logements anciens à usage de résidence principale, soit des ensembles cohérents de travaux d’amélioration de la performance thermique de ces logements. Dans ce dernier cas, l’écoprêt à taux zéro serait accordé pour la réalisation d’un ensemble de travaux cohérents comprenant au moins deux des catégories de travaux suivantes :

  • travaux d’isolation thermique performants des toitures
  • travaux d’isolation thermique performants des murs donnant sur l’extérieur
  • travaux d’isolation thermique performants des parois vitrées donnant sur l’extérieur
  • travaux d’installation, de régulation ou de remplacement de systèmes de chauffage ou de production d’eau chaude sanitaire performants
  • travaux d’installation d’équipements de chauffage utilisant une source d’énergie renouvelable
  • travaux d’installation d’équipements de production d’eau chaude sanitaire utilisant une source d’énergie renouvelable.

C’est un décret qui, en fonction des caractéristiques du logement (maison individuelle, appartement, date d’achèvement...), définira des « bouquets de travaux » cohérents dont la réalisation permettrait d’améliorer de manière importante sa performance énergétique.

Comme l’actuel prêt à 0 %, il s’agirait d’un crédit d’impôt versé en 5 ans aux banques qui accorderaient les avances remboursables sans intérêt aux emprunteurs. L’État compenserait donc l’intérêt dû aux banques.

  • Sans conditions de ressources.
  • Maxi 300 euros/m2 de surface habitable dans la limite de 30 000 euros par logement
  • ATTENTION : pas de possibilité de cumuler le crédit d’impôt sur le matériel avec le prêt à 0 %.
Copyright 2013 - FilièrePro, le magazine des professionnels du génie climatique, aéraulique et sanitaire - Tous droits réservés.